Le patron du MSP justifie le report du référendum par la nécessité de prendre plus de temps “pour élaborer une mouture complète allant dans le sens des réformes politiques, économiques et sociales du pays”. Le président du MSP est le seul chef du parti de l'alliance présidentielle à émettre des réserves sur le bilan de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. “On pensait qu'elle serait la dernière dose pour soigner la longue maladie de l'Algérie, mais les résultats n'ont pas été à la hauteur des espoirs”, a-t-il affirmé vendredi dernier à Tunis à l'agence de presse UPI. Les résultats de son application sont mitigés, a tranché M. Soltani. “Nous nous attendions à ce que l'Algérie voie un climat politique et sécuritaire meilleur que l'actuel. Nous nous attendions aussi de voir tourner les dernières pages de la tragédie nationale pour nous consacrer au développement et à la reconstruction du pays”, a-t-il affirmé en mettant en avant les quelques sporadiques attentats terroristes et l'attitude de ceux qui s'accrochent encore à d'autres considérations. Le patron du MSP se distinguera aussi par ses critiques contre le FLN et sa démarche de cavalier seul au sujet de la révision de la Constitution. Pour lui, en proposant un projet de révision de la loi fondamentale au président de la République, le FLN a fait dans “l'anticipation”. Il considère d'ailleurs que “cette initiative ne travaille pas pour la démocratie algérienne”. Une sorte de violation du principe de la concertation dans la classe politique, selon cette optique. Il ira encore plus loin dans cette voie en considérant que “la révision de la Constitution devrait être une occasion pour ouvrir le débat avec toutes les parties, les forces politiques et non celle pour qu'une seule force se distingue”. Toutefois, il adhère au principe de la révision après son annonce par le président de la République. Tout comme au report qu'il justifie par la nécessité de prendre plus de temps “pour élaborer une mouture complète allant dans le sens des réformes politiques, économiques et sociales du pays”. C'est la raison pour laquelle, selon lui, le président de la République a accepté le principe du report du référendum. En définitive, l'initiative et son report font le consensus au sein de la classe politique. “Tous les partis sont d'accord sur la révision de la Constitution pour renforcer les libertés, asseoir la séparation entre les trois pouvoirs, préciser les prérogatives, renforcer le rôle de la société civile et maintenir les constantes”, dit-il tout en qualifiant “le geste” du FLN “d'anticipation”. Il a reproché aussi au FLN de ne pas avoir distribué son projet, de ne pas avoir consulté les partis politiques. Ce qui a, selon lui, poussé le premier magistrat du pays à soutenir l'idée du report. Il a insisté sur “ce temps supplémentaire” qui est, pour lui, le moyen de “mûrir l'idée et d'arriver à un consensus national ou un accord politique pour assurer au texte la réussite au référendum et son application”. Par ailleurs, Abou Djerra Soltani a pris position en faveur de la liberté de la presse et considéré le verdict prononcé contre le journal Echourouk El-Yaoumi “sévère”. Il s'est franchement prononcé contre “la sanction” des journalistes pour leurs idées ou les articles qu'ils écrivent. Il aurait aimé, a-t-il souhaité, que l'affaire Echourouk soit traitée autrement, qu'elle prît la forme d'un dialogue, d'un débat avec des réponses officielles “au lieu d'aller vers les tribunaux, d'y traîner les journalistes, de suspendre des publications”, a-t-il estimé en précisant que “la démocratie algérienne donne le droit à l'autre de dire ce qui lui semble logique”. Djilali B.