Sans surprise, le tribunal pénal irakien a retenu, hier, la peine capitale contre Saddam Hussein. Des échauffourées ont alors éclaté dans un quartier sunnite de Bagdad en signe de protestation contre le verdict. Le souhait du président irakien déchu d'être passé par les armes en cas de condamnation à mort n'a pas été exaucé. “Saddam sera pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive car les crimes qu'il a commis sont de nature civile et non militaire”, a déclaré hier le procureur général de cette instance judiciaire, Jaâfar Al-Moussaoui, peu après le verdict. Lors de l'énoncé de la sentence, l'ancien chef de l'Etat irakien a constamment tenté d'interrompre le juge Raouf Rachid Abdel Rahmane, en criant “Longue vie à l'Irak”. Outre Saddam Hussein, un de ses trois demi-frères, Barzan Al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire, Awad Ahmed Al-Bandar, ont été condamnés à la peine capitale. L'ancien vice-président, Taha Yassine Ramadan, a été condamné à la prison à perpétuité. Trois anciens responsables locaux du parti Baas, Abdallah Kadhem Roueid, son fils Mezhar Abdallah Roueid et Ali Daeh Ali, ont été condamnés à 15 ans de prison pour “homicide volontaire”. Un seul des huit accusés, un autre ancien responsable local du Baas, Mohammed Azzam Al-Ali, a été acquitté conformément aux réquisitions du procureur général, Jaâfar Al-Moussaoui. Le tribunal pénal irakien a annoncé, hier, que la procédure d'appel engagée automatiquement après la condamnation à mort de Saddam Hussein et de trois de ses coaccusés dans le procès de Doujaïl débutera aujourd'hui. “La chambre d'appel n'a, cependant, pas de date limite pour rendre sa décision”, a déclaré le juge Raëd Jouhi, au cours d'une conférence de presse tenue après le verdict. Cette condamnation à mort a confirmé les divisions confessionnelles de l'Irak, entre manifestations de joie dans les quartiers chiites et mouvements de protestation dans les bastions sunnites. Elle a suscité des réactions partagées au Moyen-Orient, où le soulagement et la joie constatés au Koweït, en Iran, et pour les chiites irakiens ont laissé place aux regrets et à la colère pour les sunnites irakiens et le Hamas palestinien. Londres et Washington ont immédiatement applaudi le verdict, tandis que l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International mettait en doute l'impartialité du procès. La France “prend acte” de la condamnation à mort et espère que cette décision n'entraînera pas de nouvelles tensions en Irak, a déclaré le chef de la diplomatie française, Philippe Douste-Blazy. Enfin, Moscou a mis en garde contre les “conséquences catastrophiques” qu'aurait pour l'Irak la pendaison de l'ancien président irakien Saddam Hussein, tout en jugeant “peu probable” que sa condamnation à mort soit appliquée. K. ABDELKAMEL