Afin de donner l'impression que le procès sera équitable, Salem Chalabi, le président du tribunal spécial irakien, est disposé à accepter les avocats étrangers de Saddam et ses acolytes. Il s'agit là de l'une des premières dispositions que s'apprête à prendre le TSI. Ainsi, d'après Salem Chalabi, il reviendra au président irakien déchu de prendre une décision quant aux avocats qui seront chargés d'assurer sa défense. Il ne fait aucun doute que Saddam Hussein, qui avait pris le soin de faire remarquer au juge : “J'espère que vous vous êtes assurés que j'avais des avocats”, optera pour le collectif d'avocats jordaniens choisi par sa femme et ses filles. Le président du tribunal semble disposé à accepter le choix de l'ex-dictateur. “Il (Saddam) lui revient de dire s'il le veut et je vais lui en parler”, a déclaré Chalabi à ce sujet. Idem pour les onze autres prévenus, qui pourront, eux aussi, choisir leurs avocats. Ces derniers continuent à déclarer “illégal”, le tribunal spécial irakien. Pour le collectif d'avocats : “Cette cour est illégale car elle est désignée par une autorité illégale temporaire créée par l'occupation.” C'est ce qu'a indiqué à la presse Me Ziad Khassawneh, un des avocats désignés par la famille de Saddam Hussein. Hier, une demande officielle de plaider au procès de Saddam Hussein par le collectif a affirmé à la presse à Amman, son chef, Me Mohamad Rachdane. Une requête similaire a été également envoyée au colonel américain John Sharvel, responsable des visites des avocats en Irak. “Nous avons demandé à nouveau de rencontrer le président Saddam Hussein”, a ajouté Me Rachdane. L'interlocuteur de la presse n'a pas manqué de signaler de nouvelles menaces de mort à l'encontre des membres du collectif. Il y a lieu de signaler la présence au sein du groupe d'avocats la fille du président libyen, Aïcha Kadhafi, suite au souhait qu'elle a formulé. Quant à la peine qu'encourent l'ex-dictateur irakien et ses anciens collaborateurs, le magistrat a annoncé une information qui ne confirme pas le rétablissement officiel de la condamnation à mort. En effet, si les nouvelles autorités irakiennes ont affirmé que la peine de mort, contenue dans le code de procédure pénale de 1971, sera rétablie, il n'en demeure pas moins que jusqu'à maintenant aucun décret n'a été signé ou promulgué. Pour rappel, cette sanction avait été suspendue par la coalition en avril 2003. À ce sujet, le juge dira : “J'en ai parlé avec le président (Ghazi Al Yaouar). La décision a été prise, mais personne n'a signé encore le décret.” Cela montre le peu d'harmonie prévalant actuellement au sein de l'Exécutif provisoire irakien, sans aucun doute influencé par les manifestations de soutien de sunnites à Saddam Hussein et celles hostiles à l'ex-président dans les fiefs chiites. À Samarra, située au nord de la capitale irakienne, des centaines de partisans de l'ex-maître de Bagdad ont manifesté leur rejet de sa mise en accusation. À Sadr city, les chiites ont par contre extériorisé leur joie à la suite de l'inculpation de celui qui fut autrefois leur bourreau. Parmi les autres mesures préconisées par le TSI figurent la séparation des prévenus pour les empêcher de se concerter entre eux dans le but de coordonner leurs déclarations et les négociations menées séparément avec chacun d'entre eux pour parvenir à des accords. En contrepartie, le magistrat promet aux inculpés des peines plus légères s'ils collaborent. En somme, ce sont des arrangements qui sont recherchés comme c'est le cas dans les pays anglo-saxons. Les spécialistes s'interrogent sur la légalité de cette procédure alors que la majeure partie des dignitaires arrêtés n'a pas encore été déférée devant la justice. Une chose est sûre, le procès Saddam, qui s'étalera sur plusieurs mois, promet de nombreux rebondissements. K. A.