Le niveau de l'impôt sur le revenu global est jugé prohibitif. Une bonne partie de l'économie échappe aux prélèvements obligatoires. Le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, M. Brahim Bendjaber, juge les baisses de l'impôt sur le bénéfice des sociétés et de la taxe sur la valeur ajoutée, décidées récemment par les pouvoirs publics, sont intéressantes aussi bien pour l'entreprise que pour le consommateur. Intervenant hier sur les ondes de la Radio chaîne 3, dans l'émission "Invité de la rédaction", le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie estime que "ces mesures, qui peuvent paraître insuffisantes, sont tout de même positives". M. Brahim Bendjaber espère que cette baisse de l'impôt sur le bénéfice des sociétés entraîne dans son sillage la baisse de l'impôt sur le revenu global. Le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie rappelle dans ce sens la demande formulée par le Forum des chefs d'entreprise, dont il est membre, de voir le taux de l'impôt sur le bénéfice des sociétés ainsi que celui de l'impôt sur le revenu global ramenés à 20%. Il faut dire que le taux actuel de l'IRG est réellement prohibitif. Ce niveau de prélèvement n'encourage pas le développement d'entreprises transparentes fiscalement et pousse davantage vers l'informel. Le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie, en évoquant l'IRG sur les dividendes, parle de double imposition "qu'il faudrait revoir". Pour l'IRG sur les dividendes des sociétés, sa suppression apparaît nécessaire, car c'est le même revenu qui est taxé deux fois à travers l'IBS au taux actuel de 25% sur le résultat de l'entreprise, puis au taux de 15% en cas de distribution. En tout état de cause, la suppression du cumul de l'IBS et de l'IRG est une mesure qui est de nature —en atténuant la pression fiscale sur les entrepreneurs — à contribuer sensiblement à réduire la fraude et l'évasion fiscales et à moraliser davantage l'exercice des activités économiques et commerciales en y introduisant plus de transparence. M. Brahim Bendjaber estime tout de même que le taux de 25% de l'impôt sur le bénéfice des sociétés est l'un des taux les plus bas pratiqués actuellement en Europe et en Méditerranée. Seule l'Irlande impose à 12% l'IBS. Le problème, explique-t-il, réside dans l'ampleur de l'économie informelle en Algérie, qui fait que "l'impôt n'est supporté que par les entreprises qui ont pignon sur rue". En effet, le poids de la fiscalité pèse lourdement sur les seules entreprises qui déclarent leurs activités et qui s'acquittent effectivement de leur devoir fiscal, tandis que des concurrents de plus en plus puissants, installés durablement dans l'informel et peu soucieux de l'observation des lois et des règlements, accaparent chaque jour de nouvelles parts de marché. Cette forme de concurrence déloyale est destructrice pour nos entreprises et, à terme, pour l'économie nationale tout entière. "C'est pour cela que ces mesures peuvent paraître insuffisantes", soutient-il, estimant : "Tant que l'économie informelle demeure importante, le taux d'imposition reste élevé en Algérie." Du coup, "des mesures fiscales et parafiscales doivent être mises en œuvre pour que l'économie informelle soit intégrée dans le circuit formel", souligne M. Brahim Bendjaber. D'autant que le secteur informel emploie aujourd'hui plus d'un million de personnes. Il apparaît essentiel de prendre conscience qu'aucune politique publique ne peut être déployée efficacement tant que les différents marchés continueront de fonctionner de manière incohérente et incontrôlée, en dehors du cadre de la loi, et tant qu'il n'est pas mis un terme à l'expansion de ces pratiques. L'urgence sur laquelle les chefs d'entreprise insistent avec force est celle d'apporter les solutions qui conviennent aux pratiques informelles qui rongent tous les circuits de la décision économique. Concernant l'investissement, le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie affirme que la destination Algérie souffre d'un déficit d'image, précisant que le code des investissements "est très bon". "Beaucoup d'investisseurs étrangers arabes et autres, que nous avons approchés, ignorent les potentialités du marché algérien", souligne M. Brahim Bendjaber, évoquant l'absence d'action de marketing. Meziane Rabhi