Et si le fameux traité devait être signé un jour, il viendrait couronner tous les projets en cours. Au demeurant, l'Algérie tient à privilégier le “contenu” sur la forme. En la matière, la dimension humaine de la relation bilatérale a été présentée comme un “principe fondamental” s'accommodant mal avec la politique des visas appliquée à ses ressortissants. L'amitié n'a pas besoin d'être gravée sur du marbre pour qu'elle soit réelle. “Elle se vit chaque jour et ne se décrète pas”. C'est le message que va délivrer le numéro 2 du gouvernement français, Nicolas Sarkozy, qui arrive demain à Alger pour une visite officielle de deux jours à l'invitation de son homologue algérien Yazid Zerhouni. Une façon comme une autre de signifier que la signature du traité d'amitié voulu par les chefs d'Etat des deux pays n'est plus d'actualité. Pour autant, l'amitié est bien là et l'Algérie et la France viennent de vivre une année d'échanges denses avec un chassé-croisé de visites ministérielles et la première depuis l'Indépendance du chef d'état-major de l'ANP. Les promesses ne sont pas moins fortes. Et si le fameux traité devait être signé un jour, il viendrait couronner tous les projets en cours. Au demeurant, l'Algérie tient à privilégier le “contenu” sur la forme. En la matière, la dimension humaine de la relation bilatérale a été présentée comme un “principe fondamental” s'accommodant mal avec la politique des visas appliquée à ses ressortissants. Sans compter que 3 millions d'Algériens, dont seulement la moitié est immatriculée dans les consulats, vivent en France. Le partenariat d'exception envisagé par le traité d'amitié se devait ainsi de promouvoir une exception “positive” et non “négative”, comme cela est apparu aux yeux d'Alger en ce qui concerne les visas. À cause de la situation sécuritaire des années 1990, les demandes des Algériens devaient passer par une procédure de consultation entre les Etats de l'espace Schengen qui rendait leur traitement lent. L'amélioration des conditions de sécurité n'a pas changé la donne, alors que les demandes de nos voisins marocains et tunisiens jouissaient d'une meilleure célérité. Même les diplomates algériens étaient soumis à un régime plus sévère que ceux du Maroc et de la Tunisie. En somme, une “discrimination” que les autorités algériennes ne se sont pas privées de signaler au ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, lors de sa visite à Alger au printemps dernier. Comme c'est une question qui implique aussi le ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy semble avoir emporté l'adhésion de ses pairs européens. C'est la principale nouvelle que compte annoncer celui qui, sans doute, va représenter la droite à l'élection présidentielle du mois d'avril et qui entamera sa visite à Alger par le dépôt d'une gerbe de fleurs au monument des Martyrs de Riadh El Feth. Là n'est pas le seul geste d'amitié que la France a témoigné à l'Algérie lors de cette année qui a vu se clore la polémique sur la loi faisant l'apologie de la colonisation. C'est grâce à elle que le remboursement par anticipation de la dette a été obtenu. La France a joué un rôle moteur au sein du Club de Paris, cercle informel des créanciers publics. Le jour même où le Club a donné son aval, la France a signé l'accord bilatéral entraînant dans son sillage d'autres pays. Sur le plan économique, les autorités françaises ont aussi essayé de convaincre les opérateurs d'investir en Algérie. En témoignent les nombreuses rencontres organisées par les chambres de commerce à Paris et dans les grandes villes. Autre signal majeur : un symposium sera organisé pour la première fois par le Quai d'Orsay sur les investissements en Algérie. Il se tiendra le 19 décembre. Le rendez-vous sera précédé au début du mois de la visite à Alger du ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton. L'amitié se consolide. Et peu importe si elle n'est pas inscrite dans un traité. Avec son projet de refonder la relation bilatérale, la Déclaration d'Alger de mars 2003 apparaît comme un cadre suffisant. Y. K.