La commission de discipline du constructeur turc Uransan entendra, aujourd'hui, les 30 ouvriers suspendus de leur poste de travail samedi dernier à l'issue d'un débrayage de 3 jours. Selon leurs représentants, 30 ouvriers travaillant pour le compte d'une société turque ont été licenciés après avoir observé une grève illimitée déclenchée mercredi dernier. Ces derniers, selon ces mêmes sources, refusaient, jusqu'à hier, d'accuser réception des notifications de la décision qu'ils jugent “injuste”. Les travailleurs grévistes justifient leur mouvement de contestation par le non-paiement de plusieurs mois d'arriérés de salaires. Ils dénoncent, aussi, le non-respect par leur employeur de ses obligations sociales telles que leur couverture sociale et le paiement de certaines primes et indemnités. Une défaillance qu'ils jugent grave d'autant plus que leur entreprise active dans le bâtiment, un secteur connu pour le risque élevé d'accidents de travail qui le caractérise. Ces mêmes employés expliquent le recours, de facto, par l'employeur à la sanction extrême, soit la cessation unilatérale de la relation de travail, par leur situation fragile du fait qu'ils n'avaient pas de contrats de travail. Pis, ils enfoncent le clou, en affirmant que leur salaire net mensuel est de 8 000 dinars. Pour un responsable de l'entreprise Uransan, titulaire d'un projet de construction de 900 logements sociaux dans la nouvelle ville de Ali-Mendjeli, aucune raison valable ne justifierait un tel débrayage, car toutes les revendications de ses employés ont été satisfaites, à l'exception de celle relative à la prime de la femme au foyer qui sera, selon le même responsable, traitée dans les jours à venir. Selon ce même cadre, il n'a jamais été question de licenciement mais d'une mesure de suspension conservatoire après que les grévistes, sur 130 employés, eurent bloqué les chantiers. Une source locale proche du dossier nous a confirmé cette mesure tout en précisant que c'est aujourd'hui que les 30 employés suspendus passeront devant la commission de discipline. Selon cette même source, généralement crédible, qui a confirmé l'absence de contrats de travail chez les 30 suspendus, il est probable que le conflit connaîtra un dénouement heureux à l'issue des délibérations de la commission. À noter que l'UGTA n'a pas cautionné l'action des grévistes qui demandaient d'ailleurs un changement à la tête de la section syndicale. La nouvelle ville Ali-Mendjeli est un méga-chantier de construction de logements tous types confondus. En plus des sociétés algériennes, des entreprises chinoises, turques et égyptiennes sont engagées sur le terrain. Une présence qui est sujette, à la fois, d'éloges et de polémiques. Au centre de ces dernières, les conditions de travail précaires. Il y a quelques mois, sur le même site, une entreprise égyptienne a été interpellée par les pouvoirs publics pour son recours à des employés issus de l'immigration clandestine afin de faire fonctionner ses chantiers. Lynda Nacer