Un accord a finalement été trouvé, jeudi, dont les détails seront exposés aujourd'hui aux travailleurs. Le syndicat national et la direction générale de Sonatrach sont parvenus finalement à s'entendre sur une augmentation de 15% sur le salaire de base et la mise en application à partir de janvier 2007 du nouveau système de rémunérations. Les deux parties se sont mises également d'accord sur les indemnités de zones et de conditions de vie (IZCV) qui seront désormais “cotisables”, donc intégrées sur la fiche de paie des travailleurs en retraite. Ces indemnités concernent surtout les milliers travailleurs du Sud. L'accord qui a reçu, avant-hier jeudi, l'aval du directeur général de Sonatrach a été déjà soumis aux membres du syndicat national avant et il sera communiqué, probablement aujourd'hui ou demain, aux sections syndicales et aux travailleurs. Le syndicat national, qui était pourtant incommodé par l'accord sectoriel de 8 à 12% signé en octobre 2006 avec la fédération, a certes accepté les 15%, mais de l'autre côté il a arraché deux acquis importants pour les travailleurs ; il s'agit notamment du nouveau système salarial et l'imposition des IZCV au régime de la retraite. Reste à voir quelle sera la réaction des travailleurs aux résultats auxquels est parvenue la commission mixte qui a travaillé durant plus de trois jours sur ce dossier qui tenait en haleine des milliers de travailleurs, notamment ceux de Hassi-R'mel, de Hassi-Messaoud, d'Arzew, d'Oued-Smar ou de Boumerdès qui ont menacé de débrayer au cas où leurs revendications ne seraient pas satisfaites. En tout cas, les membres du syndicat national ne cachent pas leur satisfaction et jugent qu'ils ont fait l'essentiel. Les travailleurs, eux doivent connaître le détail de l'accord pour se prononcer, ont affirmé hier des travailleurs de Boumerdès et de Oued-Smar même si certains représentants des travailleurs de la région Centre estiment que l'accord est mi-figue mi-raisin, alors que d'autres le qualifient “d'un pas important” , tandis que d'autres le rejettent carrément. En tout cas, cette effervescence enregistrée autour de cette question de salaires a permis de remettre sur le tapis la question d'un nouveau système salarial longtemps réclamé par les représentants des travailleurs. Ce système dit de “management et de la performance” va déboucher, selon un cadre de l'entreprise, sur la création d'une nouvelle grille de salaires plus intéressante pour les travailleurs puisqu'elle sera composée d'un salaire fixe avec toutes les indemnités et d'un autre salaire variable selon que l'on soit débutant, confirmé, spécialiste ou expert. Ce système va-t-il arrêter l'hémorragie de la fuite des cadres qui continue à faire des dégâts au sein de l'entreprise Sonatrach ? Pas sûr, répondent nos interlocuteurs qui, non seulement insistent pour une autre réflexion sur la rémunération des cadres de l'entreprise, mais tirent aussi la sonnette d'alarme sur les problèmes de fonctionnement des installations au niveau de la production, du raffinage, du transport, des forages et autres à cause de la fuite des cadres. Ils sont plus de 2 000 à avoir quitté Sonatrach pour d'autres firmes étrangères. Une bonne partie de ces cadres a transité par un bureau de main-d'œuvre basé à Rabat, au Maroc où selon des cadres de Sonatrach, se négocient les contrats des Algériens avec des firmes qataries, koweïtiennes, saoudiennes ou américaines. Les ingénieurs sont recrutés avec un salaire allant de 35 à 45 millions de centimes en plus d'une prise en charge complète sur le plan séjour, frais de voyages, etc. Même les techniciens sont demandés à l'image de A. Djamel, originaire de Boumerdès, qui exerce comme technicien à Arzew et qui compte bientôt suivre l'un de ses collègues parti au Qatar depuis plus d'une année. On a proposé à ce technicien célibataire un salaire de 25 millions de centimes en plus de deux billets aller et retour gratuits Algérie-Qatar. Un autre ingénieur chimiste, B. Hocine, qui travaillait à Hassi-Messaoud a préféré quitter le pays pour Dubaï, alors que F. Saïd, docteur en chimie industrielle qui enseignait à l'IAP a, lui aussi, été poussé vers un autre pays du Golfe. D'autres techniciens et ingénieurs sont recrutés par des firmes américaines, européennes, voire même chinoises, affirment nos interlocuteurs qui s'interrogent sur le silence observé face à cette situation qui risque de dépouiller Sonatrach de ses meilleurs cadres. M. T.