Les chantiers de construction dans la wilaya de Blida connaissent un manque flagrant de main-d'œuvre qualifiée. Des plâtriers, des maçons, des ferrailleurs et des faïenciers sont de plus en plus demandés sur le marché. Les entrepreneurs locaux ont du mal à dénicher l'oiseau rare pour faire face aux exigences des maîtres d'ouvrages qui, hélas, depuis quelques temps, privilégient la qualité du produit au détriment de la quantité. Rares sont les projets inscrits dans le cadre du développement local qui ne soient pas contestés dans le fond ou dans la forme par le premier responsable de la wilaya. Durant ses sorties hebdomadaires sur le terrain, pour inspecter les projets en construction, Ouadah Hocine, wali de Blida, a ordonné à plusieurs reprises la démolition de murs mal construits et mal finis. “Je vous paye en contrepartie d'un produit bien fait, bien fini et qui répond surtout aux normes exactes de la construction. Quant aux ouvriers qualifiés, c'est votre problème”, fait remarquer à chaque fois le wali lorsqu'un entrepreneur justifie sa mauvaise prestation par le manque de main-d'œuvre qualifiée sur le marché. Plâtriers, maçons, ferrailleurs et faïenciers, tous ces métiers sont de plus en plus désirés. Pourtant, des centaines d'élèves sortent chaque année des centres de formation professionnelle. Paradoxalement, les responsables de ce secteur annoncent qu'un élève sur cinq, formé dans la branche de la maçonnerie, trouvera du travail. Ce qui pousse la majorité d'entre eux à changer de métier pour éviter les affres du chômage. Face à cette situation pour le moins incompréhensible, le recours à la main-d'œuvre issue des autres localités, malléable et corvéable, est la solution idoine recherchée par les opérateurs. Des Marocains et autres Syriens, en situation irrégulière et spécialisés dans le style mauresque, font le bonheur des entrepreneurs en quête de l'oiseau rare. Pourquoi le monde du bâtiment n'intéresse-t-il plus personne, même pas les chômeurs ? Selon certains entrepreneurs jugés professionnels, le désintéressement est dû à plusieurs raisons dont la dévalorisation du métier par les milliers d'“indus entrepreneurs” n'est pas des moindres. Leur credo : de l'argent et rien que l'argent. Il se greffe aussi sur le problème de la prise en charge des travailleurs en matière de sécurité et de rémunération. Car, la plupart des entrepreneurs, qui n'ont pas une bonne santé financière, se heurtent à l'écueil des salaires difficilement honorés. “Nous sommes souvent en difficulté financière”, explique H. B., chef d'entreprise, en butte aux aléas des factures impayées. “Rien n'est facile. La lenteur de l'administration est la cause principale de la désertion des ouvriers et également des entreprises au chiffre d'affaires dépassant les trois milliards”, a fait savoir le professionnel du bâtiment qui estime que l'argent dans ce secteur est le nerf de la bataille. Selon le témoignage de S. K., un spécialiste dans la pose du carrelage et de la faïence, la majorité des ouvriers qualifiés a quitté les grands chantiers pour travailler à leur propre compte ou chez des particuliers qui construisent des villas. Un lobby semble prendre forme, selon un entrepreneur, pour lequel des ouvriers qualifiés se donnent le mot pour offrir leurs services à un prix excessivement onéreux. Un nombre important de projets de développement local sera bientôt lancé dans la wilaya de Blida. Près de 9 000 logements répartis entre le logement social et le participatif sont annoncés. Ajoutons la construction d'une nouvelle université de 5 000 places à El Affroun. Tous ses projets d'envergure seront suivis attentivement par le responsable de la Dlep qui veille au grain pour que ses édifices soient construits dans les normes requises. Aucune infraction ne sera tolérée et encore moins le laxisme débonnaire et légendaire. K. FAWZI