L'accord d'association signé par l'Algérie avec l'Union européenne en 2001 onstitue un moment fort de sa mission dans notre pays. Lucio Guerrato, celui qui a incontestablement incarné ces dernières années les relations entre l'Algérie et l'Union européenne quittera notre pays le 29 de ce mois, au terme de sa mission diplomatique à la tête de la délégation de la Commission européenne en Algérie. Il a été reçu hier par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, à qui il a fait une visite d'adieu. “Je me suis senti bien ici”, confie le désormais ancien chef de la délégation de la Commission européenne à Alger aux journalistes invités pour une dernière rencontre à la résidence de la Commission européenne. Lucio Guerrato, qui a passé six années en Algérie, dit partir avec “une certaine émotion et satisfaction”, pour se “stabiliser” dans un village en France et se consacrer “peut-être” à l'écriture. En six ans, la Commission européenne n'a cessé de grossir au fur et à mesure de l'amélioration des relations entre l'Algérie et l'Union européenne. D'une petite équipe à la réouverture de la délégation, c'est plus de dix équipes, une centaine de personnes, qui travaillent sur le terrain. Entre temps, il y a eu la signature de l'accord d'association dont le contenu a été critiqué fortement par les opérateurs économiques. “L'accord d'association a été mal lu”, soutient Guerrato, expliquant que le volet du démantèlement tarifaire n'est qu'un aspect matériel de l'accord. Il rappelle la création du conseil d'association et du comité d'association comme instrument de dialogue. Il annonce, dans la foulée, la réunion prochaine, “dans quelques jours”, du comité d'association. La question des visas sera à l'ordre du jour. “L'instrument est là, tout dépend de l'usage que l'on peut en faire”, précise-t-il. “Sur le plan de la coopération, 90% des projets engagés ont été exécutés correctement, sauf peut-être deux.” L'Algérie, dans le cadre de l'instrument Meda aura ainsi bénéficié de plus de 400 millions d'euros, concentrés, il est vrai, dans l'administration pour améliorer son fonctionnement. Guerrato a insisté surtout sur l'approfondissement des relations entre l'Algérie et l'Union européenne au cours de ces dernières années. En effet, le dialogue depuis la signature de l'accord d'association a été permanent. Ces derniers mois, l'Union européenne presse l'Algérie afin de conclure un accord énergétique avec elle. La question a déjà été abordée à Alger l'été dernier lors de la visite au mois de mai de Eneko Landaburu, directeur général des relations extérieures de la Commission européenne. L'Algérie, le 3e fournisseur de gaz à l'UE, est l'un de ses potentiels clients. 10% du gaz consommé par l'UE proviennent d'Algérie et avec la perspective du doublement des exportations algériennes, ce niveau sera proche de celui exporté par la Russie, premier partenaire de l'UE en matière énergétique. L'Algérie joue un rôle important dans la nouvelle stratégie énergétique de l'Union européenne. L'Algérie et l'Europe sont reliées déjà par le gazoduc Maghreb-Europe partant de l'Algérie, traversant le Maroc et desservant l'Espagne et le Portugal, et le gazoduc partant de l'Algérie, passant par la Tunisie et desservant l'Italie, et qui connaissent des expansions de capacité. Ces infrastructures seront renforcées par deux projets : Medgaz et Galsi. Mais tout n'est pas rose, l'Algérie ne semble pas apprécier la nouvelle politique de voisinage proposée par l'Union européenne. Il y a quelques jours, réitérant la position officielle de l'Algérie en matière de priorités dans son processus de partenariat avec l'Union européenne, l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, M. Halim Benatallah, a affirmé que la politique européenne de voisinage (PEV) n'est pas une priorité pour l'Algérie. Lucio Guerrato explique que l'Algérie pense que la politique de voisinage n'apporte pas de nouveautés par rapport à l'accord d'association. “Je ne peux pas dire qu'elle a tout à fait tort”, estime le chef de la délégation de la Commission européenne qui reconnaît que “la différence est minimum”. La nuance, soutient-il, “est politique”. Quant à l'avenir de l'Algérie, Guerrato le regarde avec “confiance”. “Il est difficile d'imaginer une instabilité politique en Algérie et pour le long terme”, souligne-t-il. En d'autres termes, le chef de la délégation de la Commission européenne juge notre pays “très stable politiquement” en s'interrogeant tout de même sur le rôle des partis politiques, sans émettre aucune opinion. Lucio Guerrato, qui avec son franc-parler suscite parfois des polémiques, qualifie de positifs les résultats enregistrés dans les secteurs des services et de l'agriculture. Il se dit plutôt préoccupé par le secteur de l'éducation : un défi, de priorité nationale. La deuxième priorité devrait concerner, de son point de vue, l'administration. Lucio Guerrato ne part pas sans tirer un dernier baroud d'honneur : un million d'euros pour la restauration de l'église de Notre-Dame-d'Afrique. Meziane rabhi Fonctionnaire de la commission européenne depuis 30 ans Wolfgang Plasa prendra ses fonctions en décembre Au sein de la Commission européenne, Wolfgang Plasa s'est spécialisé dans les relations internationales, le commerce et la coopération au développement. C'est vers la première semaine de décembre que va arriver à Alger, le nouveau chef de la délégation de la Commission européenne, M. Wolfgang Plasa, en compagnie de son épouse. M. Lucio Guerrato, qui a occupé ce poste, pendant six ans, a annoncé, en effet, hier, son départ à la retraite après une carrière professionnelle bien remplie. M. Guerrato quittera le pays vers la fin décembre. Selon le règlement de la Commission européenne, le mandat d'un chef de délégation à l'étranger est de quatre ans, et c'est exceptionnellement que le mandat de M. Lucio Guerrato a été prolongé de deux ans pour permettre, vraisemblablement, la mise en route de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE. Avant sa nomination à Alger, M .Wolfgang Plasa, de nationalité allemande, était ambassadeur de l'UE au Chili depuis 2002. Dans une interview, il raconte avec beaucoup d'humour que la première fois qu'il s'est rendu dans ce pays, c'était pour acheter un piano, et il s'est vite attaché à ce pays. Durant sa mission au Chili, il s'est distingué par son franc-parler et son rejet du recours à la démagogie dans l'appréciation de la situation économique et politique de ce pays. Fonctionnaire de la Commission européenne depuis une trentaine d'années, il s'est engagé dans de nombreux combats contre la menace des mines antipersonnel. Il a dirigé au Chili, le projet “Desminado” pour l'exécution duquel l'Union européenne a dégagé une enveloppe financière de l'ordre de un million d'euros afin de réduire au maximum le nombre de victimes et “d'atteindre, soutient-il, un monde sans mine antipersonnel”. Après avoir obtenu une licence en droit à Munich en 1969, M. Plasa a poursuivi ses études en France, où il a obtenu deux diplômes de l'Institut européen des Hautes Etudes Internationales de Nice en 1970, le diplôme de l'Institut des Etudes Politiques de Paris en 1972 et un doctorat en droit de l'université de Nice, en 1973. En plus de sa langue maternelle qui est l'allemand, de sa maîtrise de l'anglais et de l'espagnol, le nouveau chef de la délégation de la Commission européenne parle couramment le français. C'est sans doute pour cette raison aussi que le choix de le nommer en Algérie a été fait. Au sein de la Commission européenne, Wolfgang Plasa s'est spécialisé dans les relations internationales, le commerce et la coopération au développement. Il a été responsable du dossier pêche en Méditerranée, de la politique globale méditerranéenne, de la gestion du STABEX, ainsi que de la gestion du système de Préférences généralisées. Affecté à la délégation de la Commission européenne à Genève, il a représenté la Commission au sein du GATT et de la Cnuced. Ensuite, il a travaillé comme chargé d'Affaires au sein de la délégation de la Commission européenne à Beyrouth, au Liban. M. Plasa, a en outre, travaillé pour les Nations unies comme directeur de l'UNRA pour le Liban et a été fonctionnaire de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de la Palestine dans le Proche-Orient. Nissa Hammadi