Les réseaux de passeurs ne s'embarrassent d'aucun scrupule pour promettre aux nombreux candidats à la traversée de gagner les territoires européens dans de bonnes conditions moyennant des sommes faramineuses. Mais, ce qu'on ne leur dit pas, c'est que généralement, c'est l'enfer qui les attend en pleine houle. Resté de longues années à un stade très marginal en Algérie, le phénomène “harragas” est aujourd'hui une réalité sociale que personne ne peut nier ni mésestimer. Les données récentes sur le mouvement de la migration clandestine vers l'Europe, avec le lot de drames qu'il charrie, ont de quoi alarmer la société toute entière, tant la problématique, véritable indicateur de la détresse juvénile, est en train de prendre de plus en plus des proportions inquiétantes. En effet, les chiffres qui s'y rapportent sont en perpétuelle hausse et ne manquent pas de révéler ce drame que vit une partie de la jeunesse algérienne et qui la pousse à tenter l'aventure, la plus dangereuse qu'elle soit, à la recherche d'un hypothétique statut social de l'autre côté de la Méditerranée. Mais au-delà, ce qui choque encore plus, ce sont ces réseaux de passeurs qui commencent à s'organiser et qui profitent de la situation pour se remplir les poches. Les scènes d'embarcations, qu'on voyait souvent à la télévision échouer sur les plages un peu partout dans le monde, et celles des migrants qu'on soustrait difficilement aux très mauvaises conditions de la traversée, ont commencé, ces derniers mois, à se frayer un chemin dans le panorama de notre actualité. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Jamais une telle maxime ne s'est vérifiée avec autant d'exactitude. Les réseaux de passeurs ne s'embarrassent d'aucun scrupule pour promettre aux nombreux candidats à la traversée de gagner les territoires européens dans de bonnes conditions moyennant des sommes faramineuses. Mais, ce qu'on ne leur dit pas, c'est que généralement, c'est l'enfer qui les attend en pleine houle. Beaucoup finissent d'ailleurs par vérifier cela de leur propre chef. L'ampleur du phénomène a contraint les autorités à réagir en conséquence. Pour les dix premiers mois de l'année en cours seulement, les gardes-côtes ont saisi pas moins de 42 embarcations de clandestins, alors que l'année d'avant, ils n'en ont récupéré que deux. C'est dire que les passeurs ne lésinent aucunement sur les moyens, tant que l'activité est considérablement lucrative. Cependant, cette action ferme des gardes-côtes a contraint les réseaux à changer de stratégie en tentant de se mouvoir vers des régions moins surveillées. Et c'est du côté d'Annaba que le circuit prendrait pied pour atteindre le littoral italien via la Tunisie. Et comme la plupart des candidats de ces traversées sont des Algériens, cela démontre au moins une chose : l'Algérie, qui était connue pour être un pays de transit pour les migrants africains, est devenue aujourd'hui une zone de départ. H. S.