Outre l'indemnisation des familles des victimes, la CAAR devra rembourser à Air Algérie la bagatelle de 240 millions de dinars au titre de l'assurance du Boeing 737-200. Après le gouvernement, c'est au tour de la compagnie nationale d'assurance et réassurance (CAAR) de mettre la main à la poche pour indemniser les familles des victimes du terrible crash du Boeing d'Air Algérie qui a coûté la vie à 102 passagers dont six membres de l'équipage. Cent vingt millions de centimes viennent d'être débloqués pour chaque famille de victimes, a révélé, hier, le directeur adjoint de cette compagnie d'assurance dans une déclaration à l'Agence algérienne d'information (AAI). En effet, la CAAR a débloqué une somme globale de 1 200 000 DA qui seront répartis sur l'ensemble des héritiers de chaque famille des victimes des 97 passagers du crash, a indiqué Omar Seksaf, qui se réfère à la “fréda” — répartition de l'héritage selon le droit musulman. “La CAAR est disponible à débloquer cette somme immédiatement pour chaque famille (…) à condition que celle-ci constitue un dossier et dispose du document de la fréda”, a-t-il précisé. Ce dossier, explique-t-il, comprend un extrait de décès de la victime, le titre de transport et le document de la “fréda” qui définira le pourcentage de chaque héritier dans le montant débloqué. En clair, l'octroi des 120 millions de centimes ne pourra s'effectuer qu'une fois ce dossier remis à la direction de la compagnie d'assurance qui, elle, est prête à donner immédiatement une suite favorable au dossier. L'agence, qui rapporte l'information, précise que cette forme d'indemnisation se base sur la convention de Varsovie en matière de responsabilité des transporteurs vis-à-vis des voyageurs signée en 1929 et que l'Algérie a ratifiée. Cette convention stipule, notamment, que le transporteur — Air Algérie dans notre cas — est tenu de ne pas aller au-delà d'une limite de responsabilité déterminée à 250 000 unités dont chacune d'elle équivaut à 65,5 mg d'or. Ce faisant, la même source ajoute que la compagnie nationale d'assurance et de réassurance compte, pour le reste de l'indemnisation, demander à la Banque d'Algérie de lui préciser l'équivalent de 65,5 mg d'or en monnaie nationale, pour arrêter le montant exact de l'assurance qu'elle devra consentir à chaque membre des ayants droit des victimes. Comprendre : les 120 millions de centimes ne représentent qu'une avance sur la somme globale due aux familles ayant perdu un des leurs. Et une fois sa responsabilité clairement définie, la CAAR demandera à ces mêmes familles de lui fournir un deuxième document de fréda “actualisé”. Il est à préciser, cependant, que l'unité de compte qui est de 65,5 mg d'or dans le calcul des indemnisations reste insuffisante par rapport à celui appliqué dans les autres pays. AAI précise que les pays européens, à titre d'exemple, ont adapté les limites de responsabilités en fonction d'une monnaie de référence consécutivement aux aménagements apportés à la convention de Varsovie. Ainsi, l'unité de compte en Europe équivaut à 1,36 euro avec un nombre de 100 000 unités, soit une limite d'indemnisation de 136 000 euros pour chaque victime. C'est dire que dans ce domaine encore, l'Algérie reste largement à la traîne, même si évidemment rien ne peut remplacer la perte de l'être cher. Il faut noter tout de même que les familles des victimes du crash ont déjà bénéficié d'une aide dite de solidarité nationale de l'ordre de 70 millions de centimes accordés par le gouvernement, au lendemain de la catastrophe. Aussi, la CAAR devra-t-elle rembourser à Air Algérie la somme de 240 millions de DA représentant l'assurance du Boeing 737-200 dont l'expertise devrait s'achever dans deux semaines. H. M.