Le dossier relatif à l'indemnisation des familles des victimes du crash du Boeing 737-2000 d'Air Algérie risque d'atterrir entre les mains de la justice. Estimant « dérisoires » les offres des assureurs d'Air Algérie, dont la Compagnie algérienne d'assurances et de réassurance (CAAR), six familles françaises et une quarantaine de familles algériennes, représentant un total de 300 ayants droit, ont en effet saisi le cabinet d'avocats français Martin Chico. Le crash, survenu le 6 mars 2003, avait fait 102 morts. « Les préjudices sont énormes. Nous sommes en train de mettre la dernière main aux dossiers », a indiqué hier, à El Watan, Me Bellecave. Il n'a toutefois pas exclu la possibilité de régler le problème par la négociation. L'avocat français, qui compte bientôt séjourner en Algérie, a indiqué que le nombre des ayants droit pourrait augmenter, car le chiffre de 300 personnes avancé, dont une quarantaine de Français, englobe uniquement « les familles proches ». Depuis qu'ils ont pris en charge ce dossier, les avocats du cabinet Martin Chico ont effectué plusieurs déplacements en Algérie afin d'élargir au maximum le rang des plaignants, dont le nombre fait d'ores et déjà l'objet d'une polémique avec la direction générale de la compagnie aérienne nationale. Selon Tayeb Benouis, le P-DG d'Air Algérie, le problème des ayants droit algériens est pratiquement clos. C'est ce qu'il a indiqué, hier, à l'hôtel El Djazaïr, lors du séminaire ayant pour thème « Enquêtes sur les accidents d'avions », organisé par le ministère des Transports. Refusant de révéler les montants, M. Benouis a expliqué que 43 familles ont déjà été indemnisées, que 12 attendent de recevoir leur chèque et que 35 autres dossiers ont été finalisés. Le cas des familles de l'équipage a été également réglé. « Les familles françaises ont chargé leurs avocats de gérer leurs affaires. On le sait depuis la fin de l'été. Leurs avocats sont en contact permanent avec les services d'Air Algérie et les compagnies d'assurance », a-t-il souligné, ajoutant que la compagnie Air Algérie avait pris attache avec tous les ayants droit afin qu'ils perçoivent leurs dus. Les 35 dossiers finalisés concernent-ils des familles algériennes qui ont saisi le cabinet Martin Chico ? « Si les dossiers sont en voie de finalisation, donc, a priori, il ne devrait pas y avoir de problème », a estimé le P-DG d'Air Algérie, rappelant que 15 000 dollars par passager décédé ont été accordés aux familles des victimes « à titre d'avance ». La polémique autour de l'indemnisation des familles des victimes du crash du Boeing d'Air Algérie ne fait que commencer. Si les plaignantes parviennent à obtenir gain de cause, les 55 familles déjà indemnisées pourraient à leur tour exiger un alignement du montant qui leur a été attribué. Aussi, en cas de règlement du conflit devant une juridiction internationale, Air Algérie et ses assureurs pourraient y laisser des plumes.