Résumé : Aïcha a remarqué que sa fille est souvent rêveuse. Un jour, où elle accepte de sortir jouer avec les filles de son âge, elle voit Kamel. Quand sa mère l'apprend, elle s'inquiète et lui demande de ne plus lui parler. Après ce qui leur est arrivé, il n'y a pas de place à l'amitié. Daya voudrait bien obéir à sa mère mais c'est plus fort qu'elle. À la rentrée, elle et Kamel s'assoient à la même table. Evidemment, elle n'en dit rien à ses parents. Et lui aussi évite d'en parler aux siens. En fin d'année, l'oncle Ahmed sort de prison. Il a la rage au cœur et si ce n'était pas la peur de se retrouver en prison, il aurait mis fin aux jours de Mohand. Ce dernier n'est plus facteur mais agent au guichet des chèques par mesure de sécurité. Heureusement pour lui, Ahmed l'évite, certainement pour ne pas être tenté par un acte irréfléchi. Puis, il décide de retourner en Turquie. Mohand éprouve un soulagement sans nom lorsqu'il apprend la nouvelle. - J'avais l'impression d'avoir une chape de plomb sur la poitrine depuis sa sortie de prison, confie-t-il à sa femme. Maintenant qu'il est sous d'autres cieux, je vais enfin vivre tranquillement ! J'avais peur pour toi et Daya. Mon Dieu, merci de m'avoir débarrassé de lui ! - Quoi qu'on puisse dire sur lui, il a eu toute une année pour réfléchir, remarque Aïcha. Il aurait été fou de recommencer ! Mohand est d'accord avec elle. Il peut enfin avancer dans la vie sans se retourner et sans crainte. Il est un homme heureux et comblé. Il a une femme qu'il adore et une fille dont il est très fier. Daya est une excellente élève. Chaque année, elle est encouragée par des récompenses. Le temps a filé. La voilà déjà au CEM. Elle est devenue une belle adolescente et Kamel un garçon des plus sages et raisonnables. Tout comme au primaire, ils s'assoient ensemble. Les profs ne trouvent rien à redire vu que tous les deux sont studieux et exemplaires. Ce qu'ils ignorent en revanche, c'est qu'ils s'écrivent presque tous les jours. Ils ne mettent de nom à leur relation que plus tard lorsqu'ils doivent passer le BEM. Tous deux réalisent avec peine qu'ils allaient être séparés. Non pas par les grandes vacances mais tout simplement parce qu'ils n'étudieraient plus ensemble. Daya devra se rendre en ville au lycée de jeunes filles. - On ne se verra plus alors ! Je n'en supporte pas l'idée, dit Kamel. Et si on ratait les examens ? - Cela ne changera rien à la situation, on obtiendra le passage au lycée, lui rappelle-t-elle. Notre séparation est inévitable. - Ma vie n'aura plus de sens, dit l'adolescent. Daya, je crois que je suis fou de toi ! - Je veux bien te croire. Tu vas te sentir perdu sans moi à tes côtés, plaisante-t-elle, alors qu'elle est triste à en mourir. - Je suis malheureux rien qu'à l'idée d'être séparé de toi ! Mais toi, est-ce que tu ressens quelque chose pour moi ? De fort, précise-t-il. Comme de l'amour. - Oui, le rassure-t-elle. Si ce qui fait battre mon cœur aussi fort est de l'amour, alors je suis folle de toi ! J'ai le cœur déchiré. Tu es mon ami, mon confident. Que deviendrai-je sans toi ? - Que faire pour ne pas être malheureux ? - Je n'ai pas de réponse, murmure-t-elle. On sera séparé trois ans seulement. Après, on se retrouvera à la fac ! - Trois ans ! s'écrie Kamel. Mais je serai devenu fou d'ici là ! - C'est comme ça, insiste Daya. Il faudra qu'on patiente, c'est tout ! - À t'entendre, ce sera simple comme bonjour ! Penses tu ? - Chut ! Je viens d'apercevoir mon père. On se voit plus tard ! Kamel la rattrape alors qu'elle s'éloignait. Une idée vient de lui traverser l'esprit. - Et si je demandais à mes parents de rendre visite aux tiens ? suggère-t-il. - Mais, tu es fou ! Ce serait leur donner l'occasion de tuer notre amour à coups de menaces, soupire Daya. Ce n'est pas le moment de le leur apprendre. Jure-moi de le garder pour toi ! - Je le jure ! Cette fois, il la laisse partir. Daya rejoint son père. Ce dernier a aperçu Kamel. - Que voulait ce garçon ? - Quelqu'un lui a dit que j'avais un dictionnaire, répond-elle. Il veut me l'emprunter. Est-ce que je peux ? Mohand n'y voit aucun inconvénient. Ils rentrent à la maison. Daya a le cœur tranquille. Il ne l'a pas reconnu A. K. (À suivre)