M. Mittal a annoncé avoir exposé au chef de l'Etat un programme d'investissement en Algérie. Il a indiqué, par ailleurs, que le président Bouteflika a évoqué avec lui les relations entre l'Algérie et l'Inde. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a reçu, hier, Lakshmi Mittal, le président du conseil d'administration du groupe Arcelor-Mittal. Le président du nouveau groupe sidérurgique international Arcelor-Mittal, M. Lakshmi Niwas Mittal, a fait part, hier à Alger, à l'issue de l'audience, de la volonté de son groupe d'investir en Algérie. “L'audience que le président Bouteflika m'a accordée a permis de discuter, notamment des opportunités d'investissement qu'offre l'Algérie et je lui ai fait part (de notre intention) d'y investir”, a déclaré à la presse M. Mittal. À ce propos, M. Mittal a annoncé avoir exposé au chef de l'Etat un programme d'investissement en Algérie. Il a indiqué, par ailleurs, que le président Bouteflika a évoqué avec lui les relations entre l'Algérie et l'Inde. “J'ai trouvé très intéressantes les opinions du président Bouteflika sur les questions internationales”, a ajouté M. Mittal. Ont assisté à l'audience le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, M. Abdelhamid Temmar, et le conseiller à la Présidence, M. Mohamed Ali Boughazi. Cependant, les raisons de cette entrevue sont appréciées différemment par les observateurs. Certains affirment que le but de Lakshimi, un des plus riches industriels du monde, est de s'implanter encore plus dans la région de Annaba en absorbant, comme le soutient le syndicat du complexe d'El-Hadjar, les autres unités du groupe Sider. Le géant Arcelor-Mittal exploite en partenariat avec Sider depuis 2001 le complexe d'El-Hadjar à hauteur de 70%. Une entité sidérurgique qui renferme en son sein pas moins de 9 000 travailleurs et dont l'importance économique, surtout sociale, est indéniable. D'autres, par contre, y voient les prémices d'un probable remodelage de la politique du géant mondial de sidérurgie sur sa filiale algérienne. Ceux-ci appuient leur argumentaire par plusieurs “événements”. Il y avait d'abord les réticences de Arcelor lors des tractations d'avant la fusion, lorsque Mittal avait lancé son OPA. L'on se rappelle que le groupe luxembourgeois avait émis des réserves sur certaines usines appartenant (totalement ou en partie) aux Indiens, et El-Hadjar était parmi celles-ci. Il y a eu ensuite le rapport du cabinet d'études international Price Waterhouse Coopers (PWC), qui n'avait pas hésité à critiquer de manière virulente la gestion par Mittal du complexe d'El-Hadjar. Il avait surtout formulé des critiques acerbes, entre autres, sur les très mauvaises conditions de travail, la défaillance des systèmes de contrôle des présences et la pléthore des effectifs. Ce dernier point risque d'ailleurs d'être le détonateur d'une crise dont les prémices se dessinent déjà à Annaba, en témoigne la dernière réaction d'un groupe de cadres de plusieurs départements, dont celui des finances et celui des approvisionnements, qui dénoncent les dernières mesures prises à leur encontre par la direction du complexe. Certains employés se sont vu, en effet, porter sur une liste à redéployer vers d'autres postes de travail auxquels ils sont étrangers par leur formation et leur expérience. Il leur a été dit que ce n'est qu'“un simple redéploiement sans conséquence”. Chose que ne veulent pas admettre les concernés qui affirment que cela a été fait sur la base de critères subjectifs et en contradiction totale avec le règlement intérieur de la société. Ils affirment, par ailleurs, que c'est une forme déguisée de licenciement. Une psychose s'installe progressivement dans les rangs des milliers de travailleurs qui se voient encore une fois menacés de compression. Les chiffres vont bon train sur le nombre des effectifs concernés. D'autres vont encore plus loin en affirmant que les pouvoirs publics s'étant rendu compte que, finalement, les bénéfices attendus pour le pays depuis la privatisation du complexe sont en deçà des espérances et ils s'apprêteraient carrément à… renationaliser El-Hadjar. Salim Koudil