“C'est une prime aux importateurs”, a-t-il expliqué. Il n'y aura pas de réévaluation du dinar. C'est du moins ce qu'a laissé entendre hier le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III. Le grand argentier du pays, s'exprimant “en toute franchise”, explique que s'il avait le choix en tant qu'économiste, il aurait “laissé flotter encore plus librement” la monnaie nationale. “Mais, en tant que responsable et membre d'un gouvernement, l'économiste se tait un peu et prend en considération les autres aspects du problème”, souligne le ministre. Le problème, relève M. Medelci, est que l'Algérie demeure “dans une position de vulnérabilité eu égard au commerce extérieur”. Du coup, explique le ministre, “le dinar réévalué est une prime aux importateurs, qui importeront plus facilement sur le dos de l'économie nationale, et donc de l'emploi”. En outre, ajoute-t-il, la monnaie nationale est stable, “ce qui est un bon signe”. Le grand argentier du pays est revenu longuement sur les dispositions de la loi de finances pour 2007, en mettant en exergue la double dimension du texte : une dimension sociale à travers les revenus (les augmentations des salaires et des retraites décidées par le président de la République), ainsi que les transferts sociaux qui ont atteint 15% du produit intérieur brut, et une dimension économique à travers le budget d'équipement. “La loi de finances 2007 prévoit directement la création de 46 000 postes budgétaires supplémentaires”, rappelle M. Medelci. Evoquant la dette, le ministre des Finances affirme que “par la volonté du président de la République”, la dette a été ramenée à 4% du produit intérieur brut. “Nous avons économisé deux milliards de dollars. C'est peut-être peu, mais c'est des dizaines de lycées, de polycliniques et de kilomètres de route”, argumente le ministre. “Dans quatre à cinq années, personne ne peut préjuger de la santé financière de l'Algérie”, reconnaît-il. Cependant, “si notre pays est obligé dans quelques années de revenir sur le marché, il reviendra avec une image de marque certainement meilleure que celle qui a prévalu avant le remboursement par anticipation. C'est un pays qui n'est pas endetté, qui a démontré sa capacité à honorer ses engagements, mais à rembourser par anticipation sa dette quand la situation le permet”, expliquera-t-il. L'opération de remboursement, annonce M. Medelci, “est quasiment bouclée”. Il ne reste environ que quatre milliards de dollars de dette privée, contractée par les entreprises de droit algérien. “Nous sommes en train de voir comment faire racheter, par les banques algériennes, une partie de cette dette. Pour qu'au lieu que ce soit la banque ou le fournisseur étranger qui gère cette dette, ce sera la banque algérienne.” En tout état de cause, le ministre précise que la dette extérieure ne représente plus que 6% des réserves de change. Le grand argentier du pays a beaucoup insisté sur la nécessité de maîtriser les dépenses engagées dans le cadre des différents programmes d'équipement, d'où la réforme budgétaire actuellement en cours d'exécution. Le ministre ne perd pas de vue “le champ très vaste propice à des dérives nombreuses”, reconnaissant au passage que “la corruption est un mal qui gangrène, y compris notre pays”. Il rappellera dans ce cadre la promulgation d'une loi contre la corruption “aujourd'hui en pleine mise en œuvre”. Parlant des scandales qui ont secoué les banques, le grand argentier affirme que 2006 était l'année de la gestion de ces scandales parus en 2005, citant celui de la BNA, qualifié “du plus grand vol”, dont les piliers de l'affaire, “des sources d'informations très utiles”, ont pu être extradés du Maroc. Au sujet de l'affaire BRC, M. Medelci souligne que “chaque chose en son temps”. L'IGF, précise-t-il, traite plusieurs dossiers dont certains sont entre les mains de la justice. “Si le dossier est devant la justice, n'attendez pas d'un ministre que je suis d'évoquer le dossier. C'est à la justice de communiquer, c'est ça l'Etat de droit”, dit-il. Le grand argentier du pays explique que le rôle de l'IGF est d'enquêter dans les institutions et établissements publics, mais elle ne peut intervenir dans les entreprises économiques publiques que si elle en reçoit l'instruction du gouvernement. La privatisation du CPA devrait intervenir au plus tard à la fin du mois de mars 2007. Six grandes banques internationales ont été retenues. Concernant les ressources fiscales hors hydrocarbures, l'administration collecte un peu moins de 900 milliards de dinars par an. Sur les cinq dernières années, le taux de progression est de 12%. “Le taux d'amélioration de recouvrement fiscale au titre de la fiscalité ordinaire est supérieur à celui de la croissance”, constate le ministre. Medelci relève “l'absence de fiscalité locale”, d'où la nécessité de revoir le code de la wilaya et celui de la commune. Meziane Rabhi