Le président vénézuélien Hugo Chavez, réélu triomphalement dimanche soir, a proclamé la “victoire de la révolution” lors d'un discours enflammé contre les Etats-Unis. “Le règne du socialisme est le règne du futur du Venezuela !” a lancé ce chef de file de la gauche anti-américaine, apparu les bras levés en signe de triomphe au balcon du palais présidentiel de Miraflores, d'où il a lancé un salut au dirigeant cubain Fidel Castro. L'ancien officier putschiste, victime d'un coup d'Etat avorté à son encontre en 2002, a averti que son pays, le plus riche en pétrole d'Amérique latine, ne serait “jamais une colonie américaine”, devant une foule en délire. Le président sortant, âgé de 52 ans, a été crédité de 61,35% des voix, contre 38,39% à son rival social-démocrate, Manuel Rosales, 53 ans, selon des chiffres officiels portant sur le dépouillement de 78% des bureaux. Ces résultats, confirmant un sondage de sortie des urnes commandé par le gouvernement, ont été annoncés à la télévision par la présidente du Conseil national électoral (CNE), Tibisay Lucena, qui a souligné la transparence du scrutin. Avec ce large succès, le président sortant, à la tête du Venezuela depuis huit ans, consolide son ancrage dans le pays, améliorant même ses précédents scores puisqu'il avait été élu en 1998 et en 2000 avec 56% et 59,7% des voix. “Nous avons donné une leçon à l'impérialisme américain. C'est une autre défaite pour le diable qui prétend diriger le monde”, a clamé Hugo Chavez, annonçant l'“approfondissement, l'amplification et l'extension de la révolution”, sous les acclamations. “Ici se déroule une révolution, il faut que tout le monde le sache”, trépignait Juan Carlos Bracamonte, un ouvrier de Puerto Ordaz, qui a parcouru 450 kilomètres pour acclamer son idole. Comme lui, des milliers de personnes, la plupart en chemise rouge comme le chef de l'Etat, ont patienté pendant plusieurs heures, malgré la pluie battante, tandis que des soldats, mêlés à des sympathisants, agitaient des drapeaux nationaux à l'intérieur du palais présidentiel. “Je suis le peuple vénézuélien”, a encore crié le chef d'Etat, tandis que la foule répondait: “Chavez no se va ! (Chavez ne s'en va pas).” Le rival du président sortant a reconnu publiquement sa défaite peu après l'annonce des résultats, tout en affirmant avoir pu “rétablir l'espoir”. “Nous avons commencé la lutte pour la construction d'un nouveau futur”, a clamé M. Rosales, avant de conclure : “Nous triompherons démocratiquement.” Le chef d'Etat avait incité, peu auparavant, l'opposition à admettre sa défaite, lui demandant de se montrer “à la hauteur de l'espérance du peuple”. Les partisans du régime chaviste, sur le pied de guerre depuis l'aube, avaient commencé à fêter leur victoire dès la clôture du scrutin, tirant des salves de feux d'artifice et de pétards dans les rues de la capitale. La mobilisation a été particulièrement forte dans les quartiers défavorisés, où le président a bâti sa popularité en développant des programmes sociaux, baptisés “missions”, financés largement par la manne pétrolière. R. I./Agences