Le futur patron du Pentagone reconnaît officiellement que les Etats-Unis ne sont pas en train de gagner la guerre en Irak ! On est loin des rodomontades de son prédécesseur, Donald Rumsfeld, renvoyé au lendemain de la débâcle des républicains aux élections du 7 novembre. Gates répondait à une question du sénateur démocrate Carl Levin, prochain président de la commission des Forces armées au Congrès, qui doit confirmer sa nomination à ce poste par Bush. En fait, le nouveau patron du Pentagone n'a fait que rapporter la conclusion du général Pace, chef d'état-major interarmées américain, qui lui avait coupé la poire en deux en disant que son pays n'était ni en train de gagner ni en train de perdre cette guerre. Par ailleurs, Robert Gates a affirmé être ouvert à de nouvelles idées sur l'Irak. Et même s'il a pris soin de souligner que le président Bush restait seul à décider si des changements étaient nécessaires et lesquels, cela veut dire que la Maison-Blanche est aujourd'hui disposée à mettre en œuvre une alternative à son occupation de l'Irak. Bush et son entourage néo-conservateur ont fini par se convaincre que le pays allait droit au mur. Bush devait recevoir, avant la sortie de son secrétaire d'Etat à la défense, l'ancien secrétaire d'Etat, James Baker, un proche de la famille Bush, membre du groupe d'étude sur l'Irak, qui devait publier hier son rapport sur les options stratégiques de l'engagement des Etats-Unis dans ce pays. Selon les médias américains, le rapport préconise un retrait de l'essentiel des troupes de combat américaines d'Irak d'ici au début de 2008 et une diplomatie plus ouverte au Moyen-Orient. Une remise en cause fondamentale de la politique mise en application par Bush depuis le printemps 2003. La commission indépendante américaine s'attend, par ailleurs, à un changement de politique américaine en Irak, d'autan que Bush lui-même chercherait par tous les moyens une sortie à la guerre meurtrière qui sévit en Irak et dont les implications sont devenues pesantes pour sa propre survie politique. Le rapport Baker, fruit d'un travail de huit mois de dix républicains et démocrates, appelle également l'administration Bush à surmonter sa réticence à dialoguer avec la Syrie et l'Iran, pour les inviter à une conférence régionale sur l'Irak. Deux Etats que Bush n'avait de cesse de qualifier d'axes du mal et contre lesquels Rumsfeld et Condollezza Rice préconisaient la guerre ouverte ! Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a lui-même déclaré, la veille de la publication de ce fameux rapport, qu'il allait envoyer des délégations dans les pays voisins pour organiser une conférence régionale pour combattre le terrorisme, confirmant aussi la tenue, avant la fin de l'année, d'une conférence de réconciliation nationale. Il est, par contre, resté ferme quant à la proposition du SG sortant de l'Onu : pas de conférence internationale. Les Etats-Unis ont déployé plus 140 000 militaires en Irak. Plus de 2 900 soldats américains et personnels assimilés sont morts en Irak depuis l'invasion de mars 2003 et 22 000 ont été blessés. Le coût de la guerre dépasse 350 milliards de dollars. D. Bouatta