Rapport n Le nouveau patron du Pentagone a affiché clairement son pessimisme à propos de la guerre des USA en Irak. A la veille de la publication du rapport du Groupe d'études sur l'Irak sur la stratégie américaine dans ce pays, Robert Gates, désigné pour succéder à Donald Rumsfeld à la tête du Pentagone, a estimé que les «Etats-Unis ne sont pas en train de gagner en Irak». Mais il s'est aussi dit d'accord, pour le moment, avec le tableau dressé récemment par le chef d'état-major interarmées : «Nous ne sommes pas en train de gagner, mais nous ne sommes pas en train de perdre.» Gates, dont la nomination a été approuvée à l'unanimité de la commission des Forces armées du Sénat, s'est également prononcé contre une guerre contre l'Iran ou la Syrie qui conduirait «très probablement à aggraver la situation en Irak». Alors que les Etats-Unis cherchent par tous les moyens une sortie à la guerre meurtrière qui sévit en Irak, la commission indépendante américaine publie, aujourd'hui, mercredi, à Washington, un rapport très attendu sur un changement de politique américaine en Irak. Ce document du Groupe d'études sur l'Irak, fruit d'un travail de huit mois de dix républicains et démocrates, devait préconiser un retrait progressif d'ici à début 2008 de l'essentiel des troupes de combat américaines. Selon la presse américaine, la commission codirigée par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker n'entend recommander aucun échéancier précis, mais signaler que la présence américaine ne durera pas indéfiniment. La date de 2008 ne serait pas une échéance ferme, mais un objectif dont la réalisation dépendrait de l'évolution de la situation, selon le rapport. Si les conditions le permettent, le Pentagone serait ainsi appelé à retirer 15 brigades de combat et à laisser en Irak quelque 70 000 hommes, notamment une force de réaction rapide, des instructeurs et des logisticiens. Stratégiquement, l'armée américaine passerait d'un rôle de combat à un rôle de soutien. Au plan diplomatique, le Groupe recommanderait aux Etats-Unis des contacts directs avec l'Iran et la Syrie, acteurs incontournables de la région. D'autres études sur l'Irak ont été commandées par George Bush au Pentagone et au Conseil pour la sécurité nationale. Après la publication de ce rapport, une décision présidentielle sur la politique menée en Irak est attendue dans les semaines à venir plutôt que dans les mois à venir, selon la Maison-Blanche. Le Congrès américain reste, cependant, divisé sur ce qu'il faut faire en Irak, entre ceux qui préconisent un retrait de ce pays et ceux qui réclament plus de troupes, mais tous s'accordent sur un point : la nature «périlleuse» du conflit.