Après avoir été sacrifié par le président Bush au lendemain même de la défaite des républicains aux élections de novembre dernier, Rumsfeld, ex-patron du Pentagone, passe aux aveux. Donald Rumsfeld, considéré comme le plus faucon dans le clan américain des proguerres en Irak, dit que deux jours avant son éjection du secrétariat d'Etat à la Défense, il avait recommandé une importante réduction des opérations de combat en Irak. Il était parvenu, de son propre aveu, à la conclusion qu'il fallait un ajustement majeur de la politique américaine dans un Irak en proie à la violence. Cette recommandation est contenue dans une note de service “classée”, adressée à la Maison-Blanche à la veille des élections législatives où l'opposition démocrate l'avait emporté grâce au puissant mouvement de réprobation chez les électeurs américains, mouvement suscité par l'échec de la politique de leur président en Irak. Le document révélé par The New York Times a été confirmé par le Pentagone. Il contient une surprenante déclaration de Rumsfeld, selon laquelle “ce que font actuellement les forces américaines en Irak ne fonctionne pas assez bien ou assez rapidement” et recommande une série d'options pour sortir du bourbier. Rumsfeld a préconisé ainsi un redéploiement massif des forces américaines des zones de combat en Irak, une accélération de l'entraînement des forces de sécurité irakiennes et le soutien des chefs de guerre irakiens par le versement d'argent américain. Il recommande un retrait conséquent et rapide des bases américaines, disséminées à travers le pays. Ces dernières devraient passer, selon lui, de 55 à 10, en avril prochain et à seulement 5 en juillet 2007. Rumsfeld, qui a fini par se dire favorable à la réduction des forces étrangères déployées en Irak, se déclare, par contre, partisan de l'emploi de forces spéciales contre Al Qaïda, les brigades de la mort et les Iraniens en Irak. Selon lui, pour réduire la facture des pertes américaines, il faut coûte que coûte retirer les forces américaines de positions vulnérables, réduire les patrouilles et s'extirper au plus tôt de l'Irak et remplacer ces troupes par une “force de réaction rapide”, opérant des 5 bases qui seront maintenues en Irak et à partir du Koweït. Cette force ne devant intervenir que quand les forces de sécurité irakiennes ont besoin d'assistance, écrit dans sa note Rumsfeld. Ce dernier démis de ses fonctions le 8 novembre dernier, a été remplacé par l'ancien chef de la CIA, Bob Gates, qui a planché sur les perspectives de la présence américaine en Irak au sein de la commission Baker qui doit remettre son rapport à Bush sous peu. D. Bouatta