La récente arrestation en Arabie saoudite de 136 membres d'Al-Qaïda illustre la crainte de Ryad que les islamistes saoudiens, partis combattre en Irak, ne reviennent bientôt dans le royaume, forts de l'expérience acquise, pour y relancer une campagne d'attentats. Certaines des cellules démantelées dans le pays du wahhabisme se sont spécialisées dans le transfert de jeunes saoudiens djihadistes vers des zones de troubles, à commencer par l'Irak en feu et à sang. Ces jeunes y reçoivent une formation militaire et s'initient aux techniques du terrorisme avant de revenir dans le royaume pour y perpétrer des actes de violence. Le pays est, en effet, travaillé par la branche locale d'Al-Qaïda, contre laquelle les forces de sécurité portent une guerre et même de sévères coups. Selon les responsables saoudiens de la lutte antiterroriste, ceux qui recrutent de jeunes Saoudiens tirent avantage de ce qui se passe en Palestine et en Irak pour les encourager à aller combattre en Irak sous le prétexte de combattre l'occupation américaine afin de les former et de les renvoyer en Arabie saoudite pour alimenter le terrorisme. L'Arabie saoudite fait face, depuis mai 2003, à une vague d'attentats et de violences. Parmi les activistes neutralisés, la génération formée en Afghanistan, où elle avait combattu avec l'appui des autorités de Ryad contre les troupes soviétiques dans les années 1980, est remplacée par une autre, celle formée en Irak. Redoutant que ses activistes n'apportent un second souffle à la branche locale d'Al-Qaïda, les responsables saoudiens échangent des informations avec les services de sécurité jordaniens, égyptiens et syriens sur les Saoudiens partis combattre en Irak. L'Egypte a annoncé, en début de semaine, l'arrestation d'étrangers pour leur lien avec des groupes terroristes qui recrutaient des islamistes pour prendre part au djihad en Irak, parmi eux des Saoudiens. D. B./Agences