La direction justifie cette décision par le fait que les recettes des travailleurs licenciés ne sont pas aussi élevées que celles de leurs collègues. Argument réfuté par les receveurs qui comptent se tourner vers l'inspection du Travail. Une dizaine de travailleurs, qui occupaient le poste de receveur au sein de l'Entreprise de transport de voyageurs de Annaba (ETA), ont été destinataires d'une notification de fin de fonction le 2 décembre dernier. Cette notification unilatérale de licenciement signifiée aux intéressés par la direction de l'ETA a coïncidé avec le recrutement, à ce même poste, à la même date et surtout dans les mêmes conditions de précarité, de dix nouveaux agents. Une décision que ceux qu'elle concerne, pour la plupart des jeunes chargés de famille, considèrent comme “abusive et non fondée” tout en se réservant le droit de “la contester devant les tribunaux compétents dans le cas où leur employeur ne leur rendrait pas justice”. Le directeur de l'entreprise, pour sa part, estime avoir agi en toute légalité en mettant tout simplement fin, à terme échu, des contrats à durée déterminée qui liaient les dix employés en question à l'ETA. “Nous avons parfaitement le droit de ne pas renouveler les contrats de travail dans la mesure où les personnes embauchées n'arrivent pas à se conformer à l'esprit de rentabilité et d'équilibre économique qui régit notre entreprise”, persiste à dire M. Smati. “Les contrôleurs de la régie ont constaté que les agents touchés par cette mesure réalisaient des recettes très en deçà de celles comptabilisées par leurs collègues sur les mêmes lignes. Nous en avons déduit qu'ils se livraient à des malversations et c'est pourquoi nous avons préféré nous passer de leurs services”, indiquera-t-il pour expliquer la rupture de la relation de travail. Ces allégations ne sont toutefois pas étayées par des preuves et ne figurent dans aucun rapport écrit, avouera ce responsable, en guise de réponse à la question de savoir pourquoi les supposés agents indélicats n'ont pas été traduits devant la commission de discipline pour les griefs avancés. Les employés licenciés se défendent d'avoir manqué d'une quelconque façon à leur mission et encore moins d'avoir “puisé dans la caisse” comme le prétend leur responsable. “C'est faux ! Il lui est aisé maintenant de nous accuser de rage pour justifier sa décision. Certains agents surpris en flagrant délit de vol ainsi que d'autres qui venaient au travail en état d'ébriété n'ont pas fait l'objet de cette mesure extrême, bien au contraire, parce qu'ils sont des proches des responsables. C'est là toute la différence…”, ajoute l'un d'entre eux avant de faire part de l'intention de tout le groupe d'alerter l'inspection du Travail et toutes les autorités compétentes sur l'usage abusif des contrats à durée déterminée, comme c'est le cas, selon lui. À signaler que l'ETA, qui est une entreprise publique locale, a été créée il y a juste une année, emploie 90 chauffeurs et autant de convoyeurs, lesquels justifient tous du niveau de 3e AS. La régie dispose de 33 bus de transport qui couvrent le réseau urbain en direction des quartiers les plus éloignés de la ville et desservent également les communes de Sidi Amar et d'El Hadjar A. ALLIA