Le tribunal de Sidi M'hamed a arrêté hier son verdict quant au conflit opposant la direction et les travailleurs de l'entreprise du bâtiment ECOTEB. De source syndicale, il a tranché en faveur de ces derniers. Le conflit a commencé le 10 août dernier, jour où des travailleurs de cette entreprise ont entamé une grève pour exhorter la direction de l'ECOTEB à satisfaire leur plate-forme de revendications. Celle-ci comporte sept points. A savoir, l'application des points prescrits dans la correspondance de l'Inspection du travail du 1er juin en cours, l'annulation de la note intérieure émanant de la direction, datant du 16 mars 2003, la réintégration des « syndicalistes licenciés », la réactivation de la commission paritaire, l'amélioration des conditions d'hébergement dans la base vie des ouvriers, l'élaboration d'une grille de salaires. Et la confirmation des travailleurs dans leurs postes sachant qu'il y a « parmi nous ceux qui travaillent avec contrat depuis dix ans », expliquent des grévistes rencontrés sur les lieux. Et de poursuivre : « Contrairement à ce qu'avance la direction, notre grève est légale. Nous avons déposé un préavis en conséquence le 2 août. Au lieu d'ouvrir le dialogue, le PDG nous attaque en justice. Il a porté plainte contre nous auprès du tribunal de Saïd Hamdine. Celui-ci s'est déclaré incompétent. Alors, la direction a transféré la plainte au niveau du tribunal de Sidi M'hamed. Dans notre base de vie, les conditions d'hébergement sont exécrables. Six à sept ouvriers partagent une baraque. Il n'y a pas de sécurité et les condition d'hygiène sont lamentables. Nous avons aussi demandé l'élaboration d'une grille de salaires et la confirmation des travailleurs dans leurs postes. Certains parmi nous exercent sous contrat depuis dix ans. » L'entreprise emploie 220 travailleurs dont 110 sont en grève, d'après un de leurs représentants. Chiffre réfuté par un des responsables de l'entreprise, rencontré sur les lieux. Ce dernier relève que 88 travailleurs seulement sont en grève. « Ils ont démarré à 78 dont 4 sont pourtant en congé », explique-t-il. Aussi, il rappelle que la direction générale a avisé, le 10 août, l'Inspection du travail à travers une correspondance selon laquelle il est relevé le non-respect des dispositions de la loi 90-02 du 6 février 1990 relative à la prévention et à l'exercice du droit de grève. Quant à l'application de ce qui est écrit dans la correspondance du 1er juin de l'année en cours, ce sont « les représentants des travailleurs qui ont rompu la relation de partenaires sociaux en refusant de prendre part aux séances de travaux de la commission de discipline ». Pour la note intérieure du 16 mars 2003, elle a été élaborée à l'effet de préserver la discipline au sein de l'entreprise. Elle traite « du phénomène des absences injustifiées des travailleurs ». Concernant le point relatif à la réintégration des syndicalistes licenciés, il indique qu'il s'agit d'« un syndicaliste licencié pour raison d'indiscipline. Il en a fait un problème socioprofessionnel collectif. Pour le second cas, il s'agit d'un membre du comité de participation. Il a été suspendu pour avoir agressé le PDG de l'entreprise. L'affaire est en justice ». Au sujet des conditions d'hébergement dans les bases de vie, le même responsable relève que l'entreprise n'est pas obligée de garantir l'hébergement aux travailleurs, ce n'est même pas stipulé dans le contrat du travail. Evoquant le point relatif à la nécessité de réactiver la commission paritaire, il précise qu'elle n'est pas « réhabilitée parce que les représentants des travailleurs ont rompu leur relation de travail avec la direction de l'entreprise ». Volet grille des salaires, le même interlocuteur relève que « s'il est fait allusion à l'application du SNMG, fixé à 10 000 DA, nous ne pouvons pas y souscrire en conséquence tant que nous n'avons pas reçu de circulaire du holding régional Centre. Une fois cette circulaire reçue, nous l'appliquerons avec effet rétroactif. » Comme il n'est pas « possible » de confirmer dans leurs postes les travailleurs vu que l'entreprise « emploie sous contrat ».