L'opposition libanaise devait organiser, hier, une nouvelle manifestation dans le centre de Beyrouth, dont elle voulait faire le tournant historique de son offensive populaire pour faire tomber le gouvernement du Premier ministre, Fouad Siniora. L'opposition, menée par le parti chiite Hezbollah, campe, depuis le 1er décembre, dans le centre de Beyrouth, où des tentes frappées à ses couleurs font face symboliquement au Grand Sérail, le palais qui abrite le siège du gouvernement, cerné de barbelés et de cordons de soldats. Plus que jamais, le camp du gouvernement, soutenu par les capitales occidentales, et celui de l'opposition semblent irréconciliables. Nasrallah, le chef du Hezbollah, avait promis que l'opposition, qui regroupe son parti, le mouvement chiite Amal et le Courant patriotique libre (CPL) du général chrétien Michel Aoun, n'abandonnerait pas la rue tant qu'elle n'aurait pas obtenu gain de cause. Le Premier ministre a répondu en accusant Hassan Nasrallah de planifier un coup d'Etat. L'opposition a rétorqué durcir son action, se prévalant de la majorité libanaise, les chiites représentant un Libanais sur trois. Le détonateur de la crise a été la démission, à la mi-novembre, des six ministres de l'opposition qui réclame une représentation accrue dans la coalition et nie désormais toute légitimité au gouvernement. Siniora, qui a l'appui des Occidentaux et de l'Arabie Saoudite, soupçonne l'opposition, qu'il accuse de prosyrienne, d'avoir provoqué la crise gouvernementale pour faire barrage au projet de tribunal international chargé de juger les assassins de l'ex-Premier ministre, Rafic Hariri, tué en 2005, afin de dissimuler une éventuelle implication syrienne dans cet attentat. Le Liban est comme rattrapé par l'histoire de ses rivalités intercommunautaires. Hier chrétiens contre musulmans, aujourd'hui chiites, auxquels se sont associés les chrétiens partisans du général Aoun contre des sunnites et des chrétiens regroupés sous le générique d'anti-syriens. D. B.