Trois personnes ont été tuées et dix-huit blessées dans deux explosions qui ont visé, hier, deux bus de transport en commun dans la montagne chrétienne au nord de Beyrouth, à la veille du deuxième anniversaire de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, tué dans un attentat à Beyrouth le 14 février 2005. Les bus appartenaient à la famille Gemayel dont l'un des fils, acteur d'importance dans la classe politique libanaise, a été également abattu le 21 novembre 2006, à bout portant, en pleine rue dans une banlieue de Beyrouth. Pierre Gemayel avait succédé à son père Amine, ex-président de la république, également assassiné, à la tête du parti Kataeb. Ce double attentat s'est produit également au moment où le Liban traverse une grave crise politique, l'opposition menée par le Hezbollah réclamant le départ du gouvernement de Fouad Siniora, issu de la majorité parlementaire anti-syrienne, ainsi que des élections anticipées. Cette majorité, menée par le député Saad Hariri, a appelé à un rassemblement massif dans le centre de Beyrouth pour marquer le deuxième anniversaire de l'assassinat de son père. Dans le même secteur, l'opposition tient un sit-in depuis le 1er décembre pour réclamer le départ du gouvernement Siniora. Le chef de l'Etat Emile Lahoud, proche de la Syrie, a affirmé que cet attentat visait les tentatives de réconciliation et de médiation entre l'opposition menée par le puissant Hezbollah, également proche de la Syrie, et le gouvernement de Fouad Siniora appuyé par l'Occident. Pour le gouvernement, il s'agit d'une autre tentative terroriste pour contrôler le Liban par le sang et la répression. Le Courant patriotique libre du général chrétien, Michel Aoun, qui s'est allié au Hezbollah, a affirmé qu'il était inadmissible de viser des citoyens innocents. La journée d'hier devait être celle de tous les dangers, et pour apaiser les esprits, le Hezbollah a répété qu'il considère Rafic Hariri comme un martyr. Le président du Parlement, Nabih Berri, une personnalité chiite d'opposition, a également rendu hommage mardi au défunt, dans une lettre ouverte où il promet de faire du Liban une oasis de démocratie. L'assassinat de Hariri reste, deux ans plus tard, au cœur de la fracture entre l'opposition et la nouvelle majorité, qui réclame la création d'un tribunal international pour en juger les auteurs. D. B.