Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a proposé, hier aux anciens militaires ayant servi le régime de Saddam Hussein, de réintégrer l'armée, lors de l'ouverture de la conférence de réconciliation irakienne. “L'armée irakienne ouvre ses portes aux officiers et aux soldats de l'ex-armée qui veulent servir la patrie”, a déclaré M. Maliki. Et “ceci dans la mesure des possibilités des forces armées”, a-t-il ajouté, devant plusieurs centaines de responsables politiques rassemblés dans un centre de conférence de la “zone verte”, secteur ultra-protégé de la capitale. “Le gouvernement d'union nationale paiera des pensions à ceux qui ne seront pas réintégrés”, a affirmé le Premier ministre. Adoptée à l'initiative des Etats-Unis après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, une loi avait écarté des postes à responsabilité de l'armée, des institutions et de la fonction publique des dizaines de milliers de responsables du Baas, ancien parti au pouvoir. Voulue par l'ex-administrateur américain Paul Bremer, cette épuration est aujourd'hui considérée, avec la dissolution de l'armée, comme l'une des principales erreurs de l'administration américaine dans sa gestion de l'après-guerre en Irak. La débassification a désorganisé l'administration, marginalisé la communauté sunnite, jeté dans la rébellion une partie des militaires chômeurs et privé les forces d'occupation d'un réseau majeur de renseignements. Pour tenter d'en minimiser les effets, quelques milliers d'anciens Baasistes, tous issus des rangs inférieurs du parti, avaient été ensuite réintégrés en 2004 dans la fonction publique. La participation des Baassistes était l'un des principaux enjeux de la conférence de réconciliation nationale. Promise début décembre par M. Maliki, sa tenue est restée jusqu'à ces derniers jours incertaine, dans un contexte d'intenses violences confessionnelles entre chiites et sunnites. Evoquant la présence d'une “vingtaine d'anciens membres du Baas”, venus “sous la protection du gouvernement”, le porte-parole de la réunion, Nasser al-Ani, a cependant reconnu que peu de Baasistes ont “fait le déplacement”. “Nous devons parler avec ceux qui ont boycotté, et ils viendront la prochaine fois. C'est un pas en avant, le premier d'une longue route”, a-t-il dit.