Suite aux nombreuses condamnations suscitées par les exécutions des dignitaires du régime de Saddam Hussein, notamment l'ignoble pendaison de ce dernier, les Américains refusent de remettre systématiquement les condamnés à mort aux autorités irakiennes. Condamnés à la peine capitale en juin 2007, Ali Hassan al Majid, dit “Ali le Chimique”, ainsi que deux autres responsables de l'ancien régime de Saddam Hussein, qui auraient dû être pendus 30 jours après la confirmation de la sentence le 4 septembre, soit il y a plus d'un mois, conformément à la loi irakienne, sont toujours en vie et sous la garde des forces américaines. Les condamnés sont actuellement sous la garde de l'armée américaine, mais ce sont les autorités irakiennes qui doivent mettre en œuvre la sentence. Washington refuse de les remettre au gouvernement irakien afin qu'ils soient pendus, avant un règlement de “questions légales”, a affirmé hier le porte-parole de l'ambassade américain dans la capitale irakienne, Mirembe Nantongo. Celui a déclaré : “Nous continuons à avoir des différences de point de vue avec le gouvernement irakien sur les procédures légales pour mettre en œuvre les condamnations à mort prononcées par le Haut Tribunal pénal irakien.” Cette clarification intervient après que Premier ministre irakien, Nouri al Maliki, se soit dit dimanche “déterminé à ce que les verdicts soient exécutés”. La même source a souligné que “les forces de la coalition continueront à garder sous leur contrôle physique les condamnés tant que ces questions légales ne sont pas réglées”. Le porte-parole de l'ambassade américaine a révélé que “des discussions sont en cours au sein du gouvernement irakien sur ces exigences légales. Nous attendons que le gouvernement parvienne à un consensus conforme à la loi irakienne avant de préparer un transfert physique des prisonniers”. En plus clair, ce sont les divergences au sein des responsables irakiennes, et les nombreuses condamnations suscitées par les exécutions des dignitaires du régime de Saddam Hussein, notamment l'ignoble pendaison de ce dernier, qui sont derrière le refus des Américains de garde sous leur contrôle Ali Hassan al Majid, dit “Ali le Chimique”, ainsi que deux autres responsables de l'ancien régime de Saddam Hussein. Pour Washington, plusieurs obstacles importants, à la fois légaux et politiques, empêchent l'exécution d'Ali Hassan al-Majid, cousin de l'ex-dictateur, dont le surnom vient de sa prédilection pour les armes chimiques, et de ses complices. Jusque-là, le président irakien Jalal Talabani et son vice-président Tarek al Hachemi, tous deux membres du conseil présidentiel, refusent de signer l'ordre d'exécution. Si le premier est opposé au principe de la peine de mort, le second craint, pour sa part, que l'exécution du général Al Taï ne sabote les efforts de réconciliation en Irak, déchiré par les violences confessionnelles depuis l'invasion américaine de 2003. Il affirme également que Taï, militaire de carrière, n'avait fait qu'obéir aux ordres de Saddam Hussein. Par ailleurs, le fait que la date butoir prévue par la Cour suprême pour l'exécution soit dépassée signifierait qu'il serait désormais illégal d'exécuter “Ali le Chimique” et ses coaccusés, selon leur défense. Pour rappel, “Ali le chimique” a été condamné à mort le 24 juin ainsi que l'ancien directeur-adjoint des opérations militaires, Hussein Rachid al Tikriti, et le ministre de la Défense, Sultan Hachem al Taï, pour la répression de la rébellion kurde (1987-1988), qui avait fait des dizaines de milliers de morts. K. ABDELKAMEL