BTK SA (Behm-Titan-Kaiser), le groupe de carrossiers français, et la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) ont conclu un accord portant création d'une joint-venture sur la base des actifs de la division carrosserie industrielle de la SNVI (Tiaret). Le capital de BTK Tiaret sera détenu à hauteur de 60% par le français. Lecarrossier injectera, sur trois ans, 10 millions d'euros dans l'unité carrosserie de Tiaret. Mise en servie en 1980, cette dernière produit des équipements de carrosseries (analogues à ceux de BTK) montés sur camions (bennes chantiers, citernes, fourgons, équipement de voiries) ou tractés (remorques, semi-remorques, porte-engins de 32 à 75 tonnes de poids total en charge). L'investissement servira à la mise à niveau et à l'intégration de nouveaux modèles. Mokhtar Chahboub et Emile Behm, respectivement P-DG de la SNVI et de BTK, rencontrés hier à l'aéroport international d'Alger, n'ont pas manqué de souligner “la complémentarité des deux entreprises”. Si la satisfaction des besoins du marché nationale est dans la ligne de mire, les deux partenaires font part de leur volonté d'exporter “dès janvier 2008”. “Peut-être même avant”, selon le P-DG de BTK, nullement impressionné par la concurrence locale. Miroslav Jakirevic, cogérant de la Sarl BTK Africa, insiste sur le passage à la production en Algérie où son entreprise a réalisé près de 30 millions d'euros les trois dernières années en vendant plus de 650 véhicules. La SNVI espère, à travers cet accord “très suivi par les pouvoirs publics”, consolider ses positions en Afrique et au Moyen-Orient, en gagner d'autres avant de s'attaquer aux marchés européens, surtout avec l'apport technologique français et le transfert de savoir-faire à travers un programme de formation du personnel. D'ici à trois ans, “5 500 véhicules iront à l'exportation, dans une grande part en Europe, particulièrement vers la France”. Soumis à une rude épreuve dans l'Hexagone et dans le reste de l'Europe par les carrossiers de l'Est, BTK compte se relancer à travers sa filiale algérienne. Pour cette raison, le premier responsable de BTK qualifie l'opération avec SNVI d'“externalisation et non de délocalisation”. Pour Emile Behm, “l'intégration avec la SNVI permettra des économies, d'autant plus que nous avons les mêmes fournisseurs de par le monde, mais surtout le fait que nous offrons la gamme la plus large d'Algérie et surtout adaptée au pays”. La joint-venture, d'après ses promoteurs, “a pris le temps nécessaire pour se matérialiser”. Mieux, pour le P-DG de la SNVI, “les perspectives sont meilleures. Si la demande en produits tractés oscille actuellement entre 2 500 et 3 000 unités, elle passera à 6 000 pour les cinq années à venir. Pour les camions, aujourd'hui entre 7 000 et 8 000, la demande passera à 20 000 durant la même période dont 8 000 véhicules de grand tonnage” que fabrique le géant de Rouiba. Son partenaire insiste sur les retombées prometteuses du plan de consolidation de la croissance. “Nous sommes les seuls à répondre aux exigences au cas par cas, surtout avec la grande souplesse qu'offre l'unité de Tiaret, dont le personnel est d'une grande qualité.” On comprend aisément pourquoi il n'y aura que “deux expatriés dans la nouvelle entreprise. Des renforcements ponctuels sont prévus et avec l'informatisation en vue, le contact sera permanent.” Vu son actuel carnet de commandes de l'unité de Aïn Bouchekif (une localité appelée à recevoir un pôle industriel mécanique), les travailleurs n'ont pas à s'inquiéter sur leur emploi. Mieux, la nouvelle entreprise “prévoit de recruter près de 250 autres qui porteront le nombre de salariés à près de 1 000 au terme des cinq premières années d'exploitation”. Il s'agit de faire face à une demande de plus en plus importante et exigeante en termes de qualité. M. Chahboub pense même que la possibilité de fabriquer, à partir de 2007, des essieux rendra les produits encore plus attractifs. Pour Miroslav Jakirevic, cogérant de la Sarl BTK Africa, “les entreprises algériennes ne seront plus obligées de passer par des transporteurs européens ou acheter des véhicules aux normes européennes. Ils auront tout en Algérie”. Avec une spécialisation sur les équipements tractés, BTK Tiaret aura “une gamme plus moderne, plus large qui peut répondre à l'explosion des besoins spécifiques, ce qu'aucun autre fabricant ne fait en Algérie”. Soulignons, enfin,, que les deux partenaires vont utiliser la marque SNVI “tant qu'elle est souhaitée et envisagent de mettre en œuvre ce partenariat dès janvier prochain”. Madjid Hocine