RESUME : Daya et Kamel décident de garder leur amour secret. Les années passent et elle finit avant lui. Sa passion la pousse à exposer les tenues, lors des manifestations. Un soir, Daya est agressée. Kamel intervient. Il est blessé. L'oncle Omar insiste pour l'emmener à l'hôpital… Le médecin des urgences suture la plaie du jeune et tout comme Omar, il est surpris par son geste. Son intervention est une preuve de bravoure et de courage. Seulement, cela aurait pu mal se finir pour lui. - Il aurait pu te frapper à la poitrine et toucher un organe vital, dit le médecin. La prochaine fois, réfléchis à deux fois avant d'intervenir ! - Oui, un voleur a toujours un canif ou autre arme, pour se défendre au cas où il se ferait prendre. J'aurais dû y penser, reconnaît Kamel. La prochaine fois, je serais plus, raisonnable ! Une fois qu'ils en ont fini à l'hôpital, Kamel décide de rentrer à la cité universitaire mais Omar insiste pour qu'il dîne chez lui. - Il se fait tard, dit le jeune homme. Le portail de la cité ferme à vingt-trois heures. - Tu y seras à temps, lui promet Omar. Dans son foyer, toute la famille est bouleversée et émue par ce qui est arrivé à Daya. Lorsque Omar rentre en sa compagnie, ils restent sans voix. Omar doit presque les gronder. - Est-ce ainsi qu'on accueille ? Toute la famille se presse d'aller le saluer. Halima fronce les sourcils en le voyant. Quand elle retourne à la cuisine en compagnie de Lydia et Daya, elle ne peut s'empêcher de remarquer : - J'ai l'impression de l'avoir déjà vu, dit-elle. - Ah bon ! Où ça ? l'interroge Lydia. Au marché ? Ou travaille-t-il près du hammam que tu as l'habitude de fréquenter ? - Je l'ignore, répond-elle, occupée à vérifier la cuisson du tajine d'olives. Elle ne voit pas Daya lui pincer le bras, pour la faire taire. - Goûte la chorba, dit-elle à Daya. Et ajoute du sel si elle est trop fade. Je vais préparer la table du salon. Une fois seules, Daya s'en prend à sa cousine : - Mais qu'est-ce qui t'a pris ? Tu voulais à tout prix qu'elle se rappelle où et quand elle l'a vu ? - Non, moi j'avais complètement oublié, réplique Lydia. Et puis, il doit avoir changé depuis le temps. - Oui, il a mûri ! C'est presqu'un homme. Enfin, c'en est un, rectifie-t-elle. Il n'a pas hésité à mettre sa vie, en danger. C'est un héros ! Je… - Oui, c'en est un ! intervient Halima. Même si tu as eu une belle frayeur. Tu as de la chance qu'il se soit trouvé sur le chemin des voleurs ! - Oui, j'ai eu beaucoup de chance ! Ils ne tardent pas à passer à table. Omar tient à ce que la famille mange avec lui. Assis l'un en face de l'autre, tous deux évitent de se regarder. Pourtant, il n'y a aucune tension à table. Le dîner se passe dans une bonne ambiance. Omar lui est très reconnaissant. - S'il lui était arrivé malheur, dit-il ? Son père ne me l'aurait jamais pardonné. Elle est son unique enfant ! Kamel risque un coup d'œil vers elle puis baisse les yeux sur son assiette. Le temps de finir de dîner, il s'excuse auprès de son hôte. - Il faut que j'y aille maintenant, dit-il. Merci, pour le dîner. - Je t'emmène à la cité, décide Omar. Mais Kamel refuse. - Je vais me trouver un taxi, dit-il. Ne vous dérangez pas pour moi ! Inutile d'insister, ajoute-t-il. Je saurai me débrouiller ! - Bien ! Kamel, dit Omar tout en griffonnant des numéros de téléphone. Tu peux me joindre quand tu veux ! Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à m'appeler ! Promets-moi de le faire ! - C'est promis ! Bonne soirée ! Il prend congé de la famille de Omar et il est surpris lorsque ce dernier, une fois dans la cage d'escalier, lui glisse quelques billets dans la poche de sa chemise. - Juste pour dépanner, dit-il. Rentre bien ! Appelle-moi, pour confirmer que tu es bien arrivé ! Kamel le lui promet. Il rentre à la cité, en taxi et l'appelle. Omar est rassuré. Halima qui lui tient compagnie, remarque : - Il m'a l'air bien, ce garçon ! - Je trouve aussi. Bon, je vais me coucher, la fin de journée a été éprouvante, dit Omar en se levant. Tu ne te couches pas maintenant ? - Je te rejoins dans quelques minutes, répond-elle. Avant, je vais parler aux filles. Je tiens à m'assurer que Daya s'est remise de ses frayeurs ! "Et qu'elle ne se fait pas trop d'illusions !" ajoute-t-elle en son for intérieur. A. K. (À suivre)