Les manifestations pacifiques, organisées le 10 décembre dernier dans les territoires sahraouis occupés, à l'occasion de la Journée mondiale des droits de l'homme, ont pris une tournure dangereuse, après l'intervention musclée des forces d'occupation marocaines. L'annonce a été faite par le président de l'Union des juristes sahraouis (UJS), lors de son passage à Alger. “Une répression aveugle s'est abattue sur les manifestants sahraouis, alors que les autorités marocaines avaient été avisées du sit-in”, a révélé Abba Salek Haïssine, faisant référence à l'avis déposé préalablement par l'Association sahraouie des victimes des violations graves des droits humains (ASVDH) auprès des autorités de Rabat. Il a en outre fait état de l'arrestation “brutale” de 9 manifestants, dont le lauréat du prix Thorolf Rafto 2002, Mohamed Daddach, le président de l'ASVDH, Brahim Dahane, et la vice-présidente de l'ONG, Elghalia Djimi, “qui est enceinte”. D'après lui, cette “boucherie s'est passée devant les yeux des membres de la Minurso (Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental, ndlr)”. “Notre association, l'ASVDH et même d'autres ONG étrangères, nous nous demandons à quoi sert la Minurso, si elle ne prépare pas le référendum et si elle ne protège pas les Sahraouis réprimés”, a-t-il affirmé. Avant de s'interroger sur le rôle de la Mission, alors que “l'Intifadha se poursuit depuis mai 2005” et que “des Zodiac sont achetés par les autorités d'occupation pour encourager le départ massif des jeunes Sahraouis”. “Le Makhzen marocain use de tous les moyens pour briser la dynamique de résistance”, a-t-il encore soutenu, en déplorant “le silence” des médias, particulièrement européens, et le rôle ambigu joué par le nouveau bureau d'El Jazira à Rabat, qui “fait la promotion du Maroc sans égard aux textes de l'ONU, encore moins à l'appellation de l'ex-colonie espagnole, qui est le Sahara occidental et non pas le Sahara”. H. Ameyar