160 des jeunes aviateurs ont tenu hier un rassemblement devant le ministère des Transports. Le calvaire se poursuit pour les pilotes diplômés de l'Académie jordanienne d'aviation, suite à la suspension de leurs bourses d'études à Oxford (après la liquidation de Khalifa Airways qui avait entrepris initialement de les former). Ayant obtenu l'engagement du ministère des Transports de leur trouver des emplois dans les différentes compagnies aériennes, ils désespèrent de voir cette promesse se concrétiser. Afin d'alerter l'opinion et les hautes institutions du pays sur leur situation dramatique, ils multiplient les actions. Vendredi dernier, le collectif des pilotes (ils sont plus de 200) tenait une conférence de presse au cours de laquelle il n'a pas manqué de rappeler aux responsables du département des Transports son engagement. En l'absence de réaction, les pilotes ont décidé d'aller plus loin en organisant un rassemblement en uniforme, devant les bureaux de Mohamed Maghlaoui. Déterminés, ils ont pu franchir le seuil du ministère, exigeant d'être reçus par le premier responsable des lieux. À la place, les services de la tutelle ont proposé une entrevue avec le secrétaire général. Cette invitation a été déclinée par les protestataires. “Nous avons eu à rencontrer déjà le chef de cabinet. Mais cela n'a abouti à rien”, observe l'un des membres du collectif. En septembre dernier, en effet, les aviateurs tenaient un premier sit-in devant le siège du ministère. Noureddine Tarbag, chef de cabinet, avait rencontré une petite délégation, mais sans répondre à ses revendications. Il avait uniquement suggéré de tenir des réunions périodiques. Une façon à lui sans doute d'apaiser les esprits des pilotes. Car, en vérité, il n'avait aucune solution en main. M. Tarbag a expliqué à ses hôtes que les compagnies aériennes sont en situation de crise financière ne leur permettant pas d'opérer des recrutements. C'est en personne qu'il avait pourtant fait écho des promesses de la tutelle lors de la cérémonie de sortie de promotion à l'Académie jordanienne d'aviation. Air Algérie devait enrôler plus d'une centaine de diplômés mais, en définitive, elle a employé une cinquantaine dans des conditions que leurs camarades qualifient d'obscures. Une minorité, un peu plus d'une dizaine, a eu la chance de trouver du travail au sein des compagnies du Golfe. Mais la majorité est toujours au chômage. Leur ultime recours est le président de la République qui les a déjà sauvés. En réponse à une lettre qu'ils lui avaient adressé, il y a trois ans, après la suspension de leur formation à Oxford, Abdelaziz Bouteflika avait instruit le ministre des Transports de compléter leur formation. C'est ainsi qu'un contrat de 16 millions d'euros couvrant les frais de l'instruction a été signé avec les Jordaniens. S'accrochant à lui comme à une planche de salut, ils comptent lui adresser une seconde lettre. Un groupe de jeunes femmes pilotes s'est distingué en écrivant aussi au chef de l'Etat. Dans cette missive, elles s'élèvent contre la ségrégation dont elles font l'objet. Elles assurent ainsi qu'elles sont autrement pénalisées car étant du sexe faible. Pour preuve, sur les 50 pilotes employés par Air Algérie, 2 uniquement sont des femmes. S. Lokmane