Tandis que les affrontements se poursuivent à Gaza, malgré les appels au calme de Abbas et Haniyeh, le numéro deux d'Al Qaïda s'est invité dans le bras de fer qui oppose le président de l'Autorité à son Premier ministre à propos des élections anticipées comme solution à la crise inter-palestinienne. Ayman al Zaouahri a estimé via Al Djazira que des élections ne libéreraient pas les territoires palestiniens mais nuiraient à la guerre sainte contre Israël. “Ceux qui tentent de libérer une terre musulmane au moyen d'élections fondées sur une Constitution laïque ne libéreront pas un grain de sable palestinien. Mais ils étrangleront le djihad”, a martelé l'idéologue de l'islamiste radical. Cette sentence gêne Hamas qui, justement, se prévaut de ses succès électoraux pour dénoncer et combattre la décision de Abbas de recommencer le processus électoral aussi bien au niveau de l'Assemblée nationale entre les mains des islamistes que de la présidence de l'Autorité. Après la très courte accalmie qui a précédé l'accord de paix signé entre Abbas et Hamas, les affrontements opposant les miliciens du Hamas et le personnel de sécurité du Fatah, le parti historique de la résistance palestinienne, ont repris à Gaza où la facture était, hier, de 5 tués et 18 blessés. Le président de l'Autorité palestinienne a beau répéter que le cessez-le-feu total a pris effet, ordonnant la cessation de toute manifestation paramilitaire et de toute fusillade, Gaza fait l'objet de bruit de mouvements d'armes et de rumeurs les plus folles. Haniyeh n'arrête pas lui aussi d'appeler au calme, mais sans s'empêcher de condamner Abbas qu'il accuse d'être responsable des tensions inter-palestiniennes ! Dans la matinée, le calme est graduellement revenu dans les rues de Gaza et aucun incident armé n'a été rapporté. Dans le quartier Moughrabi, les traces des violences de la nuit étaient visibles. Sur le mur d'un magasin de légumes auquel des hommes armés ont mis le feu, on pouvait encore apercevoir l'impact d'une roquette. “Des hommes du Hamas ont brûlé mon échoppe à cause de la photo de Yasser Arafat, parce que je soutiens le Fatah”, a accusé le propriétaire, Youssef al Yazji, 57 ans. Quatre voitures ont été brûlées hier dans le quartier et des rafales ont été tirées lors des funérailles des deux activistes tués, selon des témoins. Autour de la résidence et des bureaux de la présidence à Gaza, des membres de la garde présidentielle étaient encore déployés et des barrages ont été maintenus sur ses principaux accès. La présence d'activistes armés dans les rues se faisait, en revanche, beaucoup plus discrète. Le chef du gouvernement a déclaré boycotter les scrutins de Abbas et que la trêve n'aurait de sens qu'après l'établissement d'un Etat palestinien indépendant comprenant les territoires annexés par Israël lors de la guerre des six jours en 1967. Vu sous cet aspect, le chef du gouvernement islamiste n'a pas tord. L'Etat hébreu ne veut pas revenir aux frontières d'avant 1967, la communauté internationale exige du Hamas qu'il reconnaisse l'existence d'Israël, ce que ce dernier refuse. Hamas accuse les Etats-Unis, qui le considèrent comme un mouvement terroriste, d'essayer de renverser un gouvernement légalement élu. À Amman, où Ehoud Olmert a effectué une visite surprise hier, le roi Abdallah II de Jordanie a proposé d'accueillir des pourparlers entre le Hamas et le Fatah. Par ailleurs, le chef des négociateurs palestiniens, Saëb Erekat, a annoncé que Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ehoud Olmert préparaient une rencontre pour bientôt. D. Bouatta