La situation s'est brusquement détériorée à Ghaza après la décision du président Abbas d'appeler à des élections générales anticipées. Les jours à venir seront déterminants pour le peuple palestinien qui vit ses moments les plus tragiques alors que des milices du Fatah et de Hamas en sont venues à s'entretuer. La situation s'est subitement aggravée après que le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, soit parvenu à la conclusion que seules des élections pouvaient, désormais, contribuer à dépasser l'impasse dans laquelle se sont engagés les deux camps avec le constat de l'inconciliabilité de leurs positions politiques respectives. Donnant le ton, des responsables du Hamas ont, dès l'annonce des prochaines élections anticipées, accusé le président Abbas d'avoir lancé «un appel à la guerre civile» comme le déclarait à chaud, Ahmed Youssef, conseiller politique du Premier ministre, issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Pourtant, jeudi, après l'incident de Rafah ou la délégation de Haniyeh avait essuyé des coups de feu et pressentant un possible enchaînement incontrôlable des événements, le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal avait déclaré que son mouvement ne se laisserait pas entraîner dans «une guerre civile» indiquant «j'appelle tous les fils du mouvement et tous ses membres à la retenue, à protéger le sang palestinien, l'unité palestinienne, et à ne pas se laisser attirer dans des attaques et des contre-attaques». Or, cet appel à la retenue ne semble pas avoir été entendu puisque le sang palestinien a coulé, hier, lorsque des éléments du Hamas ont attaqué la garde présidentielle à Ghaza lors de laquelle un garde a été tué. De fait, selon les agences de presse, de violents combats ont opposé, tout au long de la matinée d'hier des éléments des Brigades Ezzedine Al Qassam et des forces de sécurité du gouvernement contrôlé par le Hamas à la garde de la résidence, à Ghaza, du président Mahmoud Abbas. Aucune indication n'a été donnée dans l'immédiat sur d'éventuelles victimes. Selon une source de la garde présidentielle, des membres du mouvement islamiste ont «pris d'assaut» un camp d'entraînement de la garde, accusée par le Hamas d'avoir tenté d'assassiner le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, jeudi, au terminal de Rafah, entre la bande de Ghaza et l'Egypte. Des forces de sécurité se sont, par ailleurs, déployées autour de la résidence du président Abbas, à Ghaza, après la mort d'un garde. De fait, dès samedi, le Hamas a décidé d'engager une épreuve de force avec Abou Mazen, qui a appelé à des élections anticipées, en organisant des manifestations de masse. «Nous allons organiser de nombreuses manifestations pour prouver au président que nous avons la majorité et que cet appel à des élections anticipées n'est pas acceptable», a déclaré Ahmed Youssef, conseiller politique du Premier ministre Ismaïl Haniyeh. Ce dernier a, de son côté, rejeté hier la décision du président Abbas estimant que des élections anticipées étaient «anticonstitutionnelles» et d'indiquer «le gouvernement rejette l'appel à la tenue d'élections législatives car elles sont anticonstitutionnelles et créent la confusion» dans les territoires palestiniens, a déclaré le Premier ministre, lors d'une réunion de son cabinet à Ghaza. Il a, également, appelé le président Abbas d'ordonner à la garde présidentielle de cesser de tirer alors qu'au même moment de violents combats se déroulaient entre cette force et des hommes armés du Hamas autour des bureaux présidentiels et de la résidence du président à Ghaza. En tout état de cause, les territoires palestiniens se trouvent, aujourd'hui, au bord de l'abîme lorsque des Palestiniens sont prêts à s'entretuer, oubliant que la priorité demeure la libération des territoires occupés par Israël et l'érection d'un Etat palestinien indépendant. L'aggravation de la situation dans la bande de Ghaza a fait réagir, hier, Bruxelles et Moscou. Dans un communiqué publié à Bruxelles, la commissaire européenne aux Relations extérieures de l'Union européenne, Benita Ferrero-Waldner a appelé hier les Palestiniens à «résoudre leurs différends de manière pacifique» après la multiplication des affrontements dans les territoires, ces derniers jours. «Que cela implique un gouvernement d'unité ou des élections est une affaire interne des Palestiniens», juge la commissaire, suite à l'appel lancé samedi par le président Mahmoud Abbas à des élections anticipées. «L'UE se tient prête à travailler avec un gouvernement palestinien légitime, qui adopte une plate-forme reflétant les principes du Quartette» a-t-elle par ailleurs rappelé. Moscou a également appelé hier les Palestiniens à la retenue et a être «guidés par leurs intérêts supérieurs» et à préserver leur «unité» en vue de la création d'un Etat indépendant. «Nous appelons les Palestiniens à être guidés par ces intérêts supérieurs», indique le communiqué, soulignant qu'il «est impérieux» pour les Palestiniens de trouver des solutions pour mettre fin à la violence et l'instabilité de la crise actuelle «dans le cadre de l'ordre constitutionnel existant» ajoute le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.