L'Algérie et la Russie ont signé, hier, à Alger, des contrats de livraison d'avions militaires pour plus de 3,5 milliards de dollars. L'accord conclu par les deux pays représente le plus gros contrat jamais obtenu par Moscou, en matière de vente d'armes, après la disparition de l'empire soviétique. D'après une source proche de Rosoboronexport, la société publique russe d'exportation d'armements, citée par l'agence de presse russe Ria Novosti, ces accords portent sur l'achat, par l'ANP, de 40 chasseurs Mig-29 SMT, de 28 chasseurs Su-30MK, de 16 Yak-130, de 8 groupes de missiles antiaériens S-300 PMU (il s'agit de batteries de défense antiaérienne dernier cri, un système sol-air capable d'abattre aussi bien des avions que des missiles ennemis) et d'environ 40 chars T-90. "Je ne trahirai pas un grand secret si je dis qu'on a signé un paquet important de contrats pour les avions, des Su-30 MK, des MIG 29 SMT et des Yak-130. Au total plus de 3,5 milliards de dollars", a indiqué à ce propos le directeur général du constructeur aéronautique MiG, Alexeï Fedorov, lors d'une interview accordée à la télévision russe Rossia, au moment de la visite du président Poutine. La télévision Rossia, citant le patron Rosoboronexport, Sergueï Tchemezov, a affirmé, pour sa part, que le total des commandes militaires algériennes faites à la Russie, avions compris, dépassait à moyen terme les 7,5 milliards de dollars. Des spécialistes des questions de défense soulignent que les contrats d'armements signés par l'Algérie avec la Russie ont pour objectif de permettre à l'armée algérienne de se rééquiper. L'on précise, à ce propos, que de 1962 à 1991, l'Algérie a acheté à l'URSS des armes pour 10 milliards de dollars environ. Pendant toutes les années 1990, ajoute-t-on, ses achats d'armements n'ont pas dépassé 500 millions de dollars. Les mêmes sources révèlent aussi que depuis l'année 2000, l'Algérie n'a pas consacré plus de 100 millions de dollars par an à l'achat d'armes. A rappeler que depuis l'indépendance de l'Algérie, l'URSS et ensuite la Russie et les pays de la CEI ont été les principaux fournisseurs d'armements pour l'armée algérienne. Les autorités algériennes devraient, selon la télévision russe, recevoir tous les armements dont elles ont besoin d'ici quatre ans. Mais la Russie devrait lancer l'exportation de ses chasseurs MiG-29 SMT vers l'Algérie en 2006, a annoncé hier le directeur général et constructeur en chef de l'avionneur MiG, Alexeï Fedorov. Celui-ci précisera toutefois que tous les contrats sont échelonnés sur quatre ans. A signaler que la conclusion de ces importants contrats d'armements n'ont pas été évoqués hier par les autorités algériennes. Le président russe, Vladimir Poutine, n'en a pas non plus fait mention lors de ses déclarations à la presse. Seules les médias russes en ont parlé longuement. Vladimir Poutine s'est contenté de dire que "plusieurs entreprises russes sont prêtes à travailler sur le marché algérien", avant de remercier le président Bouteflika pour son "soutien". Autre moment fort de la visite du président russe à Alger : l'effacement de l'ensemble de la dette contractée par l'Algérie auprès de l'ex-URSS. Celle-ci est estimée à 4,7 milliards de dollars. En échange de l'annulation de la dette, l'Etat algérien s'est engagé "à acheter à la Russie des biens et services au moins équivalents" à celle-ci, qui représente 29% de sa dette extérieure. L'Algérie a été, rappelle-t-on, le premier pays arabe avec lequel la Russie a signé un "partenariat stratégique" en 2001.