Face à la détermination des Russes à limiter les sanctions contre Téhéran, Paris, Londres et Washington éprouvent toutes les peines du monde à finaliser le projet de résolution pour le présenter au vote malgré les concessions faites à Moscou. En annonçant son souhait de reporter de vendredi à samedi au plus tôt le vote au Conseil de sécurité sur le projet de résolution européen sanctionnant l'Iran pour ses activités nucléaires sensibles, la Russie a chamboulé les plans des pays occidentaux. Pressés d'aboutir avant Noël, les Européens avaient fait, mercredi, une concession importante à la Russie en supprimant de leur projet de résolution une interdiction de voyager à l'étranger qui devait viser douze ressortissants iraniens liés aux programmes nucléaires ou balistiques de l'Iran. Cette mesure a été transformée en une simple restriction aux voyages de ces personnes, beaucoup moins contraignante, à l'insistance de la Russie qui a bataillé pour adoucir les sanctions contre l'Iran où elle a d'importants intérêts économiques et commerciaux. Après cette concession jeudi, M. Tchourkine avait exprimé sa satisfaction, tout en soulignant qu'il restait “une ou deux questions à résoudre”. Moscou aimerait également réduire le champ d'un gel des avoirs financiers prévu à l'encontre de onze entités liées aux programmes nucléaires ou balistiques iraniens. Jeudi, les Etats-Unis ont indiqué qu'ils cherchaient eux aussi à retoucher une dernière fois la résolution, avant le vote. Washington, qui a laissé les Européens être maîtres d'œuvre du projet, aurait préféré un texte plus musclé. Le projet de résolution prévoit essentiellement des sanctions économiques et commerciales contre l'Iran dans les domaines touchant aux technologies sensibles en matière nucléaire et balistique, pour son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium. Amendé plusieurs fois, il est en discussion depuis sa première mise en circulation au Conseil de sécurité le 23 octobre. Devant la position de Moscou, une nouvelle réunion à six était prévue hier matin, après consultation des capitales d'ici là, pour faire le point avant un vote éventuel. Les Etats-Unis ont indiqué qu'ils cherchaient eux aussi à retoucher une dernière fois la résolution, avant le vote. “Il y a des modifications qui restent à apporter à ce projet (...) et nous y travaillons”, a déclaré la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Elle n'a pas précisé quelles “modifications” les Etats-Unis souhaitaient apporter au texte mais son porte-parole, Sean McCormack, a assuré qu'il s'agissait de simples “ajustements”. Tout en déclarant “soutenir” le projet de résolution, fortement amendé par l'Union européenne pour balayer les dernières réticences de la Russie, Mme Rice a dit que ce n'est pas le texte que les Etats-Unis auraient rédigé. “Mais je suis tout à fait satisfaite et tout à fait certaine que la résolution qui sera adoptée sera un document qui dira à l'Iran "vous ne pouvez pas défier la communauté internationale" et lui imposera des pénalités”, a-t-elle conclu. De son côté, l'ambassadeur du Qatar à l'ONU, Abdelaziz al Nasser, a exprimé, jeudi, des réserves sur un projet de résolution prévoyant de sanctionner l'Iran pour ses activités nucléaires sensibles, tout en confirmant qu'un vote sur ce texte a eu lieu hier au Conseil de sécurité. “Demain nous allons agir” sur le projet de résolution rédigé par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, a dit à la presse M. Nasser, qui préside le Conseil ce mois-ci. Il a indiqué qu'il attendait de son gouvernement des consignes de vote sur le texte, qui prévoit l'interdiction de commercer avec l'Iran dans les domaines. K. A./Agences.