Bien des hommes, dans différents continents et contrées, ont marqué de leur empreinte l'histoire générale ou événementielle de leur pays ou encore de leur région. Ainsi il en a été de Zapata en Amérique du Sud, de Jessy Jems aux Etats-Unis. L'Algérie recèle également ce profil d'hommes d'honneur qui devraient être connus et reconnus officiellement à l'image de Hmed Oumerri, de Aïssa Bouakkouâen, d'arezqi Lvachir, de Abdoun, Ouflick, Hassaïn en Kabylie, de Azelmadh ou Benzelmat dans les Aurès et autres Bouziane El Qelâi de Mascara. On les appelait alors les bandits d'honneur. Mais le qualificatif “bandit”, ainsi attribué à ces hommes d'honneur, n'est pas une injure et ne renvoie pas au sens infamant, les présentant comme des brigands, des pilleurs ou des cambrioleurs. Ils étaient plutôt des hommes de dignité et de vertu. Même renvoyés au ban de la société, leur tête mise à prix, recherchés et poursuivis par l'administration coloniale, pour leur communauté, ils étaient déjà un symbole de révolte et de rébellion s'élevant contre l'injustice du colonialisme et particulièrement de ses serviteurs. Ils représentaient un espoir de droiture. L'écrivain journaliste Emile Violard leur a consacré un ouvrage déjà dans les années 1880. Il avait été lui-même malmené par l'autorité de l'époque. On lui reprochait d'utiliser, de surcroît, la langue française pour la mettre au service de “vulgaires insoumis”. L'ouvrage a été réédité par les éditions Echos-Plus Alger en 1998 et préfacé par A. Rahabi. Nos “bandits d'honneur” ont constitué l'humus, le terreau d'où émergera le mouvement de conscientisation. Une foule de poèmes a chanté leur gloire. Le verbe les a ainsi consacrés et célébrés dans leur statut de rédempteurs, de bienfaiteurs et de justiciers. De nouveaux auteurs aujourd'hui les rappellent pour ainsi compléter l'histoire de la longue marche de l'éveil du sentiment national qui aboutira, en 1954, à la guerre de Libération. Voilà un autre pan de notre histoire peu ou pas connu de notre jeunesse. La rediffusion du film Les Hors la loi de Farès, tourné en 1968, et le téléfilm de la RTA consacré à Azelmadh, dans les années 70, est une utilité de mémoire. A.A.