Après plus de trente-cinq années de règne sans partage, le leader libyen se retrouve face à des opposants qui réclament désormais son départ du pouvoir. Ils étaient quelque trois cents délégués représentant plusieurs courants politiques de l'opposition à débattre, pendant deux jours, de la situation en Libye. Les opposants au régime de Mouammar Kadhafi, venus des Etats-Unis, d'Allemagne, de France ou de pays du Maghreb, ont abouti à la conclusion que “la Libye est dans un sale état, et Kadhafi est un dictateur”. Islamistes, libéraux et nationalistes, qui se sont côtoyés pendant ce premier conclave de l'opposition libyenne, ont annoncé dans un communiqué qu'ils visaient trois objectifs : “Kadhafi doit partir, un gouvernement transitoire doit être mis en place, et nous devons parvenir à une Libye basée sur la démocratie, la primauté de la loi et une Constitution.” Le délégué Hassan El-Amin a affirmé à la presse : “Nous avions une Constitution en 1951, mais elle nous a été volée. Aujourd'hui, nous ne voulons pas forcément revenir à ce texte, mais nous voulons le retour à un régime constitutionnel qui garantisse les droits de l'Homme et la liberté de parole.” Les congressistes se sont mis d'accord pour que “une fois que ce régime aura pris fin, le gouvernement de transition devrait rester en place deux ans, au maximum”. Selon le porte-parole du congrès, des divergences ont surgi pendant la phase préparatoire de ce rendez-vous. Ainsi, alors que “certains privilégient une certaine forme de dialogue avec le régime, une minorité, tous les autres partis présents à Londres pensent que rien ne changera jamais sous la direction du colonel Kadhafi”. À titre d'exemple, les Frères musulmans libyens, qui ont pris part au processus de préparation de cette rencontre, ont refusé d'être présents dans la capitale britannique à la dernière minute, car ils considéraient que les objectifs fixés sont inaccessibles. Cela a été révélé par Hassan El-Amin qui a affirmé à ce sujet : “Mais, nous nous sommes séparés de façon amicale.” Parmi les opposants constitués en mouvements politiques, qui étaient présents à Londres, on citera le Front national pour le salut de la Libye (Fnsl), le Rassemblement républicain et le Rassemblement islamique. Comme l'a déclaré le porte-parole de cette rencontre, “une large partie du paysage politique libyen était présente”. Reste à savoir maintenant quelle sera la réaction de Mouammar Kadhafi, qui gouverne la Libye sans partage depuis qu'il a pris le pouvoir, le premier septembre 1969, à la faveur d'un coup d'Etat qui avait renversé le roi Idriss Senouci. Lui qui prépare son fils, Seïf al-Islam, à lui succéder, n'est certainement pas disposé à s'accommoder d'une opposition encombrante qui vient remettre en cause son pouvoir absolu. K. ABDELKAMEL