Mouvement pour la liberté et la justice sociale (MLJS) est le nom de cette formation à travers laquelle, dit-il, “il veut participer au règlement de la crise politique du pays”. Contribuer à la réussite d'une véritable réconciliation nationale et à sa promotion, enterrer les haines, tourner la page du passé et ouvrir une nouvelle pour sortir de la crise et aboutir à “ce que nous appelons depuis des décennies, l'instauration de la sécurité, de la stabilité, la liberté, la justice sociale et le développement”. Ce sont là quelques objectifs que s'assigne “le Mouvement pour la liberté et la justice sociale” que vient de créer Anouar Haddam et qu'il a annoncé, hier, dans une déclaration à l'occasion du 15e anniversaire de l'arrêt du processus électoral, le 11 janvier 1991. Clamant encore une fois son adhésion à la démarche du président de la République, ce mouvement constitué de personnes, dont Anouar Haddam, se présente comme un groupe politique réformateur dont les références intellectuelles réunissent l'authenticité et la modernité, “considère l'Islam comme un mode de vie complet”, mais “reste ouvert sur l'expérience de l'humanité”. Le MLJS compte s'investir en Algérie et appelle le président de la République à organiser une conférence nationale et à ouvrir un débat “franc” avec toutes les forces et les acteurs du pays, “dont les politiques de la mouvance islamiste” qui se sont opposés le 11 janvier à l'arrêt du processus électoral, pour une réconciliation nationale. Comme il appelle les autres forces et les personnalités à intensifier le travail, loin des calculs politiques ou partisans, pour donner un contenu plus large à la concorde nationale et faire aboutir les véritables objectifs de la réconciliation nationale. Alors que les autres responsables du FIS dissous, qui avaient adhéré et soutenu l'initiative du président de la République, avaient tous pratiquement oublié leur revendication de création d'un autre parti, Anouar Haddam la maintient et annonce contre toute attente la fondation de son mouvement prenant tout le monde à contre-pied. Paradoxalement, il reprend les mêmes axes que Rabah Kébir avait développés lors de son court séjour algérois, à savoir la démocratie, le pluralisme, la liberté, les droits de la femme…, mais tout en les énonçant d'ailleurs. Et avec cette promesse d'activer en Algérie ! Evidemment, il conditionne sa participation à la résolution de la crise par d'autres garanties, “constitutionnelles, juridiques, sécuritaires” ; des concessions qui sont pourtant édictées dans la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ces mêmes garanties qui sont, entre autres, les possibilités de réédition des “erreurs du passé”, “la spoliation de la volonté populaire”, et surtout asseoir les véritables bases d'une réelle démocratie et la légitimité populaire. Anouar Haddam n'évoque à aucun moment la violence islamiste, mais reprend la terminologie de “tragédie nationale” dont les origines remontent, selon lui, à l'aube de l'Indépendance, avec les erreurs dans les choix et les orientations. L'accumulation des fautes a donné, selon la déclaration, les évènements d'Octobre 88 qui sont le signe “d'une rupture définitive entre gouvernants et gouvernés”. En fait, pour Anouar Haddam, l'Indépendance n'a jamais été réalisée. Aussi reprend-il comme solution les recommandations du contrat de Rome, à “réaliser l'autodétermination” totale de l'Algérie pour la sortir de la dépendance. Il a appelé enfin les Algériens et Algériennes à “ouvrir une nouvelle page d'histoire de notre cher pays, à la mobilisation des moyens humains et matériels pour le bienfait du peuple et sa prospérité”. Les premiers pas de cette démarche peuvent se réaliser durant ce second mandat du Président, espère-t-il, par la transformation de la tragédie nationale en véritable “renaissance”. Paradoxalement, hormis la référence à l'opposition à l'arrêt du processus électoral, l'initiateur du mouvement, qui a revendiqué les attentats du boulevard Amirouche n'évoque ni l'ex-FIS ni ses dirigeants. Ce qui donne à son projet l'aspect d'une initiative personnelle. Djilali B.