Après les circonstances de création d'El Khalifa Bank, le tribunal criminel a poursuivi l'audition des inspecteurs de la banque et de ceux chargés par l'administrateur provisoire de contrôler la caisse principale. Saïd Boumechehour, ancien inspecteur de KB et membre de la commission installée par Mohamed Djellab réitéra le propos de Youssefi Benyoucef et Majid Agaoua, concernant les missions dévolues à la commission d'inspection de la caisse principale et le fait que Hamou Nekkache ait remis les 11 écritures entre siège (EES) à Madjid Agaoua. Il dira également que c'est Ahmed Mir qui a instauré un programme de contrôle d'une agence par un inspecteur avec un délai n'excédant pas 5 jours. Hassane Hamache, ex-formateur au niveau de KB et membre de la commission d'inspection installée par l'administrateur provisoire réitérera exactement les mêmes déclarations que ces prédécesseurs membres de ladite commission. “Nous n'avons rien trouvé ce jour-là. La caisse principale était juste à 1 200 DA près. Quand dans la caisse principale d'une banque on trouve un décalage de 1 000 DA entre le physique et le réel, on n'a rien trouvé. Pour moi, c'était étonnant. J'en ai même félicité le responsable parce que la situation était claire”, dira le témoin. Il s'agissait d'un constat “global”. L'équipe d'inspection ne s'est toutefois pas rendue à Hussein-Dey. “Nous n'avons pas compté le physique de Hussein Dey, juste les écritures”. Quant aux 11 EES, il n'en a pris connaissance qu'après qu'ils leur eurent été remis par M. Nekkache. “J'avais demandé à M. Akli s'il y avait des écritures en suspens. Il m'a dit non. Il a raison parce qu'il avait fait les écritures et les avait envoyées à la comptabilité”, précisera le témoin. Il reconnaîtra que l'équipe a trouvé ce jour-là “anormal” qu'il n'y ait pas de suspens au niveau de la caisse principale. Le relançant sur le fait qu'il n'y ait pas eu de contrôle au niveau de Hussein-Dey, la présidente dira : “Ce n'était donc pas un constat véritable ?” “Je suis d'accord avec vous parce qu'il y avait beaucoup d'argent à Hussein-Dey”, répondra le témoin. Il reviendra aussi sur la 2e mission dévolue à l'équipe d'inspection, celle de contrôler les écritures entre siège. “Nous devions aller en profondeur et tirer au clair les suspens entre la caisse principale et les agences”. Le contrôle de la caisse principale aurait permis, selon Hassane Hamache sans les 11 EES de découvrir le déficit. Les “appréciations” de la présidente dérangent la défense La présidente rappellera Ahmed Mir pour confronter ses dires avec ceux des inspecteurs d'El Khalifa Bank. Il réitérera son propos affirmant qu'il n'a pas été nommé intérimaire de Youssefi Benyoucef. Il n'y a pas eu de passation de consignes. Il a initié des missions d'inspection sous l'aval du DG à la fois pour connaître la situation, mais également parce que la banque, précisera-t-il, connaissait une progression importante en termes de nouvelles agences. Un plan de travail réparti entre les 3 inspecteurs avec des missions d'une semaine dans les différentes agences. Les rapports de l'inspection comprenant le constat, les recommandations et les conséquences d'un non-ajustement étaient transmises au DG. D'autant que l'inspection générale n'a pas de prérogatives exécutives. Il n'a jamais procédé au contrôle de la caisse principale parce qu'il ne figurait pas dans le programme transmis par le DG et qu'il n'était pas autorisé à effectuer une visite inopinée dans une direction générale adjointe. Dellal Abdelwahab, recruté en 2001 en qualité de chef de groupe sécurité au niveau de Khalifa Groupe Protection et Sécurité (KGPS), a également été entendu. Ancien policier, il avait démissionné en 1994 pour “raison sécuritaire”. Il avait différentes missions dont celles d'escorter les délégations étrangères venues en Algérie. Il citera l'escorte de l'équipe de l'OM pour son match de gala contre l'équipe nationale de 1982. Il s'est rendu à plusieurs reprises sur instruction de Chachoua Abdelhafidh, son DG, précisera-t-il, au niveau de la caisse principale pour récupérer des sommes remises par Akli Youcef dans “des sacs cadenassés accompagnés d'une clé dans une enveloppe scellée”. Le contact se faisait via les talkies-walkies puis par téléphone. Pour lui, il s'agissait de son travail, d'une “mission normale.” Ce qui n'a pas été du goût de la présidente. Il ne savait pas non plus le montant contenu dans les sacs, ni leur nature. Il percevait un salaire de 26 000, voire 33 000 DA avec les primes. Il a bénéficié d'un prêt de 2 millions de DA de KB avec “contrat d'engagement et prélèvement mensuel sur salaire”. La magistrate l'interrogera alors et lui dira que les prêts aux travailleurs sont interdits par la loi. Ils le sont certes pour les actionnaires et cadres dirigeants des banques, mais à compter de la révision de la loi sur la monnaie et le crédit initiée en 2003 et qui n'a pas d'effets rétroactifs. Le PG, lui, reviendra sur un événement personnel de l'accusé, des poursuites engagées pour abandon de famille en 2000 et sur la cause ayant entraîné sa démission de la police. “Ma sœur a été enlevée.” Il niera avoir remis de l'argent de la sorte à RAK. Il ne saura pas non plus si le P-DG bénéficiait d'une protection personnelle. S. S.