Le premier responsable du secteur explique qu'un facteur important pousse à la baisse des prix du pétrole : les spéculateurs se sont retirés du marché. La clémence du climat qui caractérise en ce moment la saison hivernale constitue l'une des raisons essentielles à l'origine de la chute des prix du pétrole sur le marché mondial. Aucun des observateurs, très au fait des questions liées aux hydrocarbures, ne s'attendait à ce que l'hiver soit aussi doux durant le mois de janvier courant. Conséquence : la demande en pétrole qui, d'habitude en cette période, enregistre des hausses considérables, notamment en Amérique et en Europe, a baissé sensiblement. Cette situation a poussé inévitablement les spéculateurs à se retirer du marché. Ce qui a encouragé, par conséquent, la baisse des cours. Celle-ci a été, en outre, accentuée par les précédentes réductions dans la production décidées et mises en œuvre par les pays membres de l'Opep. L'une est de l'ordre de 1,2 million de barils/jour à Doha et l'autre évaluée à 500 000 barils/jour à Abuja (Nigeria). L'objectif recherché est de tenir compte de la faible croissance de l'économie mondiale qui a généré une demande attendue ne dépassant pas 1,3 million de barils/jour en 2007 et de l'apport de la production des pays non Opep estimée à 1,8 million de barils/jour afin d'équilibrer ainsi le marché et de maintenir les cours dans la fourchette de 50 à 60 dollars le baril en 2007. La décroissance enregistrée par l'économie mondiale de 5,1% en 2006 à 4,7%, attendue pour l'exercice actuel, est aussi l'autre facteur qui a favorisé la chute des prix. C'est là l'analyse qu'a faite le Dr Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines sur les nouvelles donnes qui ont marqué ces derniers jours le marché international. “Certains ministres de l'Opep ont émis le vœu de tenir une réunion extraordinaire pour une nouvelle réduction de la production. Mais, le refus de l'Arabie Saoudite de réduire une autre fois sa production a, il faut le souligner, fait capoter ce projet”, indiquera le ministre. Il faut dire que ce pays a pour habitude de contribuer et d'assurer les plus importantes réductions au sein de l'organisation. Si elle ne participe pas à une telle décision (réductions des autres membres), celle-ci ne sera d'aucun effet sur le maintien des prix. Une réunion ordinaire est néanmoins prévue pour le 15 mars où l'organisation examinera la situation du marché et prendra des décisions à ce propos. Durant le premier et le second trimestres de l'année en cours, les prix, selon le ministre qui est intervenu hier sur les ondes de la radio Chaîne III, avoisineront les 50 dollars le baril. Il faut attendre le troisième et le quatrième trimestres pour voir les cours se relever. “Bien sûr, cela dépend de la discipline des pays membres de l'Opep quant au respect et l'application de la mesure de réduction de presque 1,7 million de barils/jour. Mais dans tous les cas de figure, nous n'allons pas revoir cette année les prix pratiqués en 2006. Les cours seront toutefois plus élevés que ceux des années 2001, 2002 et 2003”, tient à préciser le Dr Chakib Khelil qui rassure que les recettes de l'exercice 2007 n'atteindront pas, certes, celles de 2006, mais elles seront encore une fois importantes. Les recettes issues de l'exportation des hydrocarbures en 2006 ont avoisiné, soulignera-t-il, les 54 milliards de dollars US. Ce nouveau chiffre s'avère différent de celui annoncé par le P-DG de Sonatrach : 52 milliards de dollars. “Les prix dépasseront les 50 dollars dès le troisième trimestre” “C'était une année exceptionnelle marquée par les performances du secteur et les hauts niveaux atteints par les prix du pétrole sur le marché mondial”, reconnaîtra-t-il. L'Algérie contribue, rappelle-t-on, à la réduction avec un quota de 84 000 barils/jour pour toute l'année. Mais dans le cas où l'Opep déciderait d'une autre diminution de la production, l'Algérie doit s'y conformer. “On ne peut pas bénéficier des deux choses à la fois, à savoir les volumes et les prix. Il faut savoir choisir. Ainsi, nous avons opté pour la baisse de la production pour le maintien des cours à des niveaux raisonnables. Cette réduction est cependant compensée par l'augmentation des prix”, affirmera le ministre. Le premier responsable du département de l'Energie dément par ailleurs la création d'une sorte d'Opep pour le gaz. Une telle organisation ne peut se créer car, arguera-t-il, il n'existe pas encore de marché globalisé du gaz. Il est recensé trois marchés différents, à savoir l'Amérique, l'Europe et l'Asie. Chaque marché a, selon lui, des rigidités, des contraintes parce que le gaz est transporté par des gazoducs et ensuite par le biais de navires spéciaux de GNL. Le gaz se vend par des contrats à long terme qui lient vendeurs et acheteurs et non pas au jour le jour comme c'est le cas pour le pétrole. Il faut attendre, précisera le Dr Chakib Khelil, une vingtaine d'années pour voir ce marché se développer. Il classe l'Algérie qui détient près de 25% du marché européen, au 7e rang des pays producteurs de gaz dans le monde. Ses réserves sont estimées à plus de 4 000 milliards de m3. Badreddine KHRIS