Alors qu'il affirmait que “les informations en notre possession n'écartent pas une possible liaison entre le groupe terroriste tunisien et le GSPC”, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni, voulait surtout signifier l'excellente coopération qui existe entre les deux pays sur le plan sécuritaire. Il n'avait pas d'ailleurs à le reconnaître en précisant que “les services de sécurité des deux pays travaillent en étroite collaboration depuis plusieurs années”. C'était il y a quelques jours. C'était le 13 janvier en marge de la cérémonie d'ouverture officielle de la manifestation “Alger, capitale de la culture arabe 2007”. Si l'apparition de la violence terroriste en Algérie au début des années 1990 a été un facteur important dans la naissance d'une coopération entre Alger et Tunis sur le volet de la sécurité, les attentats du 11 septembre 2001 ont considérablement renforcé cet axe, d'autant que l'échange d'informations et d'expériences est devenu presque une obligation entre les Etats engagés dans la lutte contre le terrorisme international. Cette coopération s'est concrétisée dans plusieurs opérations antiterroristes menées aussi bien en Algérie qu'en Tunisie. Des dizaines de terroristes de nationalité tunisienne ont été arrêtés à Annaba et Skikda et même à El-Oued où le GSPC recrute des jeunes pour les envoyer mourir en Irak. Et l'opération menée par les services de sécurité tunisiens contre un important groupe terroriste, vers la fin du mois de décembre dernier et au début de cette année à Hammam-Lif et Soliman et dans la région de Grombalia (40 km au sud de Tunis), est également le fruit de cette collaboration. Quand des Tunisiens voulaient rejoindre les maquis de Meftah Deux Tunisiens appartenant à un réseau terroriste international, qui s'apprêtaient à rejoindre le maquis du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), avaient été interpellés, dans la nuit du 28 au 29 décembre, par une patrouille militaire, au lieu dit Djebabra, dans la région de Meftah. Les dénommés C. L. et L. S., auditionnés par la Police judiciaire, ont reconnu appartenir à un réseau terroriste international et qu'ils s'apprêtaient à rejoindre le maquis du GSPC de Djebabra. Les investigations entreprises par les services de sécurité ont révélé que les deux terroristes venaient de Libye. Et l'audition des deux personnes interpellées a, en tout cas, permis de remonter la filière islamiste jusqu'en Tunisie. à la différence des anciens réseaux démantelés dans le pays, l'arrestation opérée par les services de sécurité dans la banlieue d'Alger, une région où le GIA était fortement implanté jusqu'au début des années 2000 et son anéantissement en 2004, a, au-delà du fait qu'elle a renseigné sur les tentatives d'implantation du terrorisme international dans les localités qualifiées jusqu'à un passé récent de fiefs islamistes, prouvé l'existence de relations et de liens extrêmement forts entre les groupes islamistes activant en Algérie et dans le reste des pays du Maghreb, notamment la Tunisie, le Maroc et la Libye. Le pire évité en Tunisie L'attentat perpétré à Djerba le 11 avril 2002, causant la mort de 21 personnes, dont 14 touristes allemands est encore vivace dans les esprits. Les autorités tunisiennes ont depuis pris des mesures importantes en matière de sécurisation des sites touristiques et des stations balnéaires. En plus du renforcement de la sécurité aux frontières, les Tunisiens n'ont pas hésité à mener une importante campagne contre le port du voile, un phénomène qui a pris de larges proportions au sein de la société tunisienne devenue sensible au discours salafiste ces dernières années. Le président Ben Ali est même intervenu personnellement afin d'expliquer que le hidjab n'avait rien à voir avec la culture tunisienne. Mais l'influence salafiste n'a pas pu s'incruster au sein de la société. Car si l'opération menée au sud de Tunis, au cours de laquelle ont été mobilisés des milliers d'hommes, a été rendue possible à l'échange d'informations obtenues après l'arrestation de terroristes tunisiens en Algérie, il n'en reste pas moins que la vigilance des citoyens y a considérablement contribué. Les habitants de la localité où résidaient les terroristes n'ont pas hésité à signaler aux services de sécurité un mouvement suspect de certains habitants qui achetaient de grosses quantités en produis alimentaires alors qu'ils n'étaient pas nombreux. Le ministre tunisien de l'Intérieur a lui-même reconnu que “leurs noms, leur appartenance salafiste terroriste étaient connus de nos services de sécurité qui les ont laissés en liberté pour connaître leurs projets et leurs contacts en Tunisie”. L'issue de l'opération, qui a mobilisé des moyens lourds de l'armée, a révélé l'importance de l'implantation de ce groupe composé de plus d'une quarantaine de terroristes. 12 terroristes avaient été abattus et 15 autres ont été arrêtés. Au-delà des plans d'attentats terroristes qui visaient des ambassades, des stations balnéaires ainsi que des noms de diplomates étrangers accrédités à Tunis, les observateurs considèrent que la concentration de l'activité salafiste en Algérie servirait à en faire une base arrière en vue de perpétrer des attentats spectaculaires dans les pays voisins. Dans ce cas, la Tunisie se présente comme le pays idéal. Le moindre attentat porterait sérieusement atteinte au secteur du tourisme surtout à l'approche de la saison de printemps. Le pire aura donc été évité même si les salafistes ont adopté un nouveau comportement de façon à se confondre dans la foule et à ne pas attirer le regard suspect. Yacine S.