Les bureaux de poste et les agences bancaires de Souk Ahras, qui n'avaient pas fonctionné normalement depuis le 10 janvier par manque de liquidités, ont été littéralement assiégés par un grand nombre de citoyens dès les premières heures et ce, depuis jeudi dernier. Fonctionnaires et retraités, alarmés par les rumeurs les plus folles qui ont couru durant ces quinze derniers jours au sujet d'un prétendu “crash” au niveau de l'agence locale de la Banque d'Algérie, s'étaient rués par centaines vers les centres de paiement. Cette précipitation a donné lieu à de véritables scènes d'émeutes. Hommes et femmes criant et gesticulant tentaient de pénétrer à l'intérieur des agences bancaires et postales. Le même spectacle désolant a été constaté aux quatre coins de la ville chef-lieu. Tant et si bien qu'il a fallu déployer des brigades entières de policiers pour y mettre bon ordre. Le pire a été évité de justesse devant la recette postale principale qui était la plus sollicitée par la foule excitée. L'intervention quelque peu musclée des éléments de la BMPJ, dépêchés en renfort sur les lieux, a été mal reçue par les citoyens agglutinés devant et à l'intérieur de ladite recette. Des empoignades, heureusement sans conséquences, ont eu lieu et il a fallu beaucoup de tact aux responsables d'Algérie Poste, notamment pour apaiser les esprits. Il n'empêche que nombreux ont été les fonctionnaires et les retraités qui sont rentrés chez eux sans percevoir leur pécule, préférant se représenter plus tard dans la semaine devant les guichets plutôt que de se faire écraser. Pour revenir aux causes de cet affolement généralisé, il y a lieu d'indiquer que l'agence de la wilaya de la Banque d'Algérie n'a pas fonctionné normalement pendant deux semaines, comme l'affirment des sources proches des agences postales. Les sommes très réduites mises à la disposition des recettes ne suffisaient pas pour procéder au paiement des fonctionnaires (enseignants, policiers, militaires...) titulaires de CCP. Cette situation inhabituelle s'est prolongée et a concerné également les retraités. L'absence de communication de l'institution bancaire et le flou entretenu à propos du manque de liquidités constaté au niveau des centres CCP locaux ont donné lieu à une véritable campagne de désinformation. La vox populi affirme que les réserves de la Banque centrale ont été infestées par une grande quantités de fausses coupures de 1 000 DA et que les responsables de ladite banque n'arrivaient plus à trier ces réserves. Certains affirmeront que les billets douteux seraient de l'ordre de plusieurs dizaines de milliards de centimes. D'autres n'hésitent pas à évoquer l'existence d'un réseau de faussaires qui aurait réussi à “polluer” les stocks de monnaie. Nous apprenons par ailleurs que les services de police judiciaire, dépendant de la Sûreté de wilaya de Souk Ahras, ont ouvert une enquête sur ce prétendu trafic de fausse monnaie. Plusieurs personnes résidant à Taoura et à Merahna, deux communes importantes, auraient été interpellées de même que des perquisitions auraient été autorisées par le parquet aux domiciles de trois suspects à Souk Ahras. On en saura certainement plus dans les jours à venir. A. ALLIA