Couvrir les besoins nationaux, développer les exportations hors hydrocarbures, édifier un secteur industriel moderne et compétitif fortement créateur de richesses et d'emplois, mobiliser le potentiel national autour de la création de la valeur ajoutée, autant de défis que doivent relever fondamentalement à la fois l'Etat et les opérateurs, souligne le patron du premier groupe agroalimentaire privé. L'objectif de toute politique industrielle est de créer les conditions de la compétitivité. C'est ce qu'a souligné M. Issad Rebrab, président-directeur général du groupe Cevital dans son intervention lors de la rencontre sur la stratégie et politique de relance industrielle qui a regroupé le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, des chefs d'entreprise et des organisations patronales. M. Issad Rebrab explique que “dans une économie ouverte et mondialisée, la survie d'une entreprise industrielle repose sur sa capacité à proposer des produits de qualité et compétitifs à l'échelle internationale”. Du coup, la stratégie industrielle d'une entreprise doit être centrée sur la recherche des avantages comparatifs qui lui permettront de remplir cette condition. La politique industrielle des pouvoirs publics doit être orientée vers la création de l'environnement qui permettra d'atteindre cet objectif. Le patron de Cevital souligne qu'une entreprise industrielle doit constamment se remettre en cause et rechercher de nouveaux avantages comparatifs, dans l'acquisition des matières primaires, le coût du transport (matière primaire et produits finis), les conditions d'accès à l'énergie, l'emploi d'une main-d'œuvre productive, une situation géographique permettant de réduire les frais de logistique (proximité d'un port), l'utilisation des technologies de dernière génération au plan international et enfin un dimensionnement des projets leur permettant d'être compétitif à l'échelle mondiale. M. Issad Rebrab insiste sur le développement des filières compétitives. Utilisant la métaphore, le patron de Cevital compare une filière industrielle à un arbre. Certaines activités constituent les racines, l'activité principale le tronc et d'autres multiples activités composent les branches et les ramifications qui peuvent s'étendre dans de nombreuses directions. M. Issad Rebrab estime qu'assurer la compétitivité et la solidité du tronc (donc de l'activité principale) permet de renforcer les racines et autorise de nombreuses branches et ramifications constituant des chaînes d'activité compétitives à chaque niveau. Il évoque ses projets de production de verre plat et de trituration de graines. Pour la production du verre plat, les racines sont l'énergie, le traitement du sable, la production de carbonate de soude et le calcaire. La production de verre plat symbolise le tronc. La production de verres, automobile, trempé, feuilleté, blindé, miroir, pour fenêtre… Second exemple : concernant la trituration des graines, les racines sont la production de graines oléagineuses, autorisant la mise en culture de terres en jachère. Le tronc c'est la trituration des graines oléagineuses (production d'huiles brutes et de tourteaux). Les ramifications constituent l'alimentation humaine, l'aliment du bétail, la production animale et laitière, articles de cuir et produits laitiers. Le patron de Cevital estime que les pouvoirs publics doivent concentrer leurs efforts sur la création et le développement de filières compétitives, en encourageant notamment les activités “tronc” à travers, des avantages fiscaux, un accès facile aux moyens financiers, la possibilité accordée à des opérateurs privés de créer les infrastructures nécessaires à leur compétitivité, notamment portuaires et des incitations au développement de multiples ramifications. “Il n'y a pas lieu de privilégier certaines filières. Elles peuvent toutes réussir en fonctionnant sur des principes qui assurent leur compétitivité”, soutient M. Rebrab, ajoutant que la création d'un environnement favorable au développement de filières compétitives “suppose aussi la mise en œuvre de politiques volontaristes et orientées vers la création de valeur dans des domaines relevant des pouvoirs publics”. Le patron de Cevital fait référence à l'aménagement du territoire, au développement des infrastructures, à l'appui apporté à la création de zones industrielles sur le modèle des pays développés, à l'éducation et la formation professionnelle et enfin aux conditions d'un développement durable. “Les défis à relever ensemble”, souligne M. Rebrab sont “de satisfaire les besoins nationaux et de développer les exportations hors hydrocarbures, construire une économie équilibrée autour d'un secteur industriel moderne et compétitif, fortement créateur de richesse et d'emplois (direct et indirect), de mobiliser le potentiel national autour de la création de la valeur ajoutée et enfin de cultiver le nationalisme économique, la fierté et la passion de servir l'économie nationale”. M. R.