“Satisfaisant, mais insuffisant”, affirment la majorité des chefs d'entreprise et économistes au sujet de l'avant-projet de la stratégie et politiques de relance industrielle. Mais tout le monde trouve excellente l'initiative des pouvoirs publics de mettre en œuvre “une stratégie industrielle”, une revendication, faut-il le souligner, à maintes reprises exprimée par les opérateurs économiques eux-mêmes. Il y a consensus sur l'urgence de la stratégie de relance du secteur industriel. L'Algérie s'enfonce de plus en plus dans une économie pétrolière. L'industrie manufacturière qui participait à hauteur de 18% à la formation du produit intérieur brut en 2000 ne représente aujourd'hui que 6%. Du coup, certains parlent de désindustrialisation rampante. Des entreprises perdent de plus en plus des parts de marché local et celles qui exportent ne sont pas nombreuses. Boualem M'Rakach rappelle que la CAP, Confédération algérienne du patronat, a fait valoir en son temps la nécessité d'une stratégie nationale de développement qui éclaire les acteurs de la vie économique et détermine les axes moteurs du développement. Même si les patrons n'ont pas eu le temps de bien étudier le document, “élaboré par des experts algériens” sous la conduite du ministre des Participations et de la Promotion des investissements, le document leur a été adressé deux jours seulement avant la rencontre, les premières réactions sont positives, “mais peut mieux faire”. “Il est impératif de l'améliorer”, affirme un opérateur estimant tout de même que beaucoup de doléances des chefs d'entreprise ont été prises en compte. Certains chefs d'entreprise ne sont pas d'accord sur le rôle exagéré conféré aux investissements directs étrangers. Plusieurs chefs d'entreprise, à l'image du patron de Cevital, soulignent que des opérateurs économiques algériens sont capables d'investir en Algérie au même titre que les étrangers. “Il n'y a pas de pays au départ qui se sont développés par des étrangers”, estime M. Rebrab. L'exemple de la Corée du Sud cité par le ministre est très illustratif. Ce sont les Sud-Coréens qui ont développé la Corée du Sud. Ce que demandent les chefs d'entreprise algériens, c'est la liberté d'initiative et un environnement favorable à l'investissement productif. L'autre point soulevé par les patrons est la mise en œuvre sur le terrain de cette stratégie. Ici, le temps est jugé important. M. Mohamed Bahloul est économiste-analyste et aussi directeur de l'Institut des ressources humaines d'Oran (IDRH) parle, lui, de pré-requis indispensable pour la mise en œuvre de la stratégie et politiques de relance industrielle, en évoquant le modèle institutionnel, des incitations et du social. M. R.