Rien ne semble arrêter la violence en Irak, et certainement pas les plans qui se suivent et se ressemblent. Ce n'est pas l'appréciation que fait le président américain du premier ministre irakien qui rendra le pouvoir de ce dernier incontesté. Plus personne d'ailleurs ne sait comment sortir de cet enfer qu'est devenu l'Irak, car la violence ne fait que s'étendre n'épargnant personne. En ce sens, la capitale irakienne, frappée samedi par le deuxième attentat le plus meurtrier en Irak en quatre ans et qui a fait au moins 130 morts dans un quartier populaire chiite, s'est réveillée hier au son de nouvelles explosions. Au moins onze personnes ont été tuées hier matin, dont quatre policiers, au cours de quatre attentats et d'une fusillade dans différents quartiers de Baghdad. Samedi, un camion piégé bourré d'une tonne d'explosifs a explosé dans le quartier populaire et très commerçant de Sadriya, sur la rive Est du Tigre, dans le centre de Bagdad. Au moins 130 personnes ont été tuées dans cet attentat suicide qui a fait plus de 300 blessés. Le grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite en Irak, a fait savoir qu'il allait prendre en charge les frais d'hospitalisation de l'ensemble des personnes blessées, « comme il l'a déjà fait auparavant, notamment lors de l'attentat de Sadr city », qui a fait 202 morts dans ce quartier populaire chiite de Baghdad le 23 novembre 2006. Une longue rue étroite a été entièrement dévastée et était jonchée de débris dimanche, les échoppes situées aux rez-de-chaussée des immeubles ont été réduites en cendres, et plusieurs bâtisses de ce vieux quartier, déjà visé par un attentat en décembre, se sont effondrées sous le souffle de l'explosion. Les autorités irakiennes et l'armée américaine doivent lancer dans quelques semaines un nouveau plan -encore un dira-t-on- de sécurité pour la capitale, ensanglantée chaque jour par des violences, en grande partie confessionnelles, qui ont fait plus de 16.800 tués à Baghdad en 2006 selon les Nations unies. Plus de 50.000 soldats et policiers irakiens et 35.000 soldats américains doivent participer à cette nouvelle opération, mais les renforts américains promis par le président George W. Bush arrivent au compte-gouttes et les derniers soldats ne doivent arriver à Baghdad qu'en avril. Le Premier ministre irakien Nouri al Maliki a dénoncé un « crime ignoble », qu'il a attribué aux « saddamistes », les partisans de l'ancien président Saddam Hussein, et aux « takfiris », les extrémistes sunnites qui vouent une haine féroce aux chiites qu'ils considèrent comme des hérétiques. L'Irak a également pointé du doigt la Syrie, accusée de donner refuge à la moitié des terroristes qui se rendent en Irak. « Je peux vous assurer que 50% des actes criminels et des attentats sont commis par des Arabes takfiris (extrémistes sunnites) qui viennent de Syrie », a déclaré samedi soir Ali al Dabbagh, porte-parole de Nouri al Maliki, à la télévision publique Iraqia. Par ailleurs, l'armée américaine a annoncé la mort de deux soldats dans des attaques, portant à 3.093 le nombre de soldats américains tués en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003. Un rapport des services de renseignement américain, partiellement rendu public vendredi, a prévenu que la situation risquait de se dégrader encore davantage en Irak si rien n'était fait pour arrêter les violences confessionnelles et parlé de signes de « guerre civile ». Les rapports de ce genre se succèdent, tout comme les déclarations de personnalités avisées, persuadées que cette guerre était perdue d'avance, et qui s'inquiètent du risque -réel selon les pays concernés- d'extension à l'ensemble de la région. C'est un risque majeur estime-t-on d'ores et déjà.