Les dirigeants des mouvements palestiniens Fatah et Hamas se sont entendus dans la nuit de jeudi à La Mecque sur un gouvernement d'union nationale qui restera dirigé par Ismaïl Haniyeh. Réagissant avec prudence, Israël et les Etats-Unis ont refusé de commenter cet accord avant de connaître la composition et le programme politique du futur gouvernement palestinien. Ils ont surtout insisté sur le fait qu'il devra respecter trois conditions : reconnaissance du droit d'Israël à exister, reconnaissance des accords passés avec l'Etat juif et renoncement à la violence. Selon Nabil Amr, conseiller du président Mahmoud Abbas, ce gouvernement devrait être composé “dans moins d'une semaine”. Parrainés par le roi Abdallah, M. Abbas et le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaâl, ont paraphé l'accord dans la nuit de jeudi à vendredi après deux jours d'intenses et âpres discussions, encouragées notamment par les navettes incessantes de responsables saoudiens entre les délégations. L'accord interdit l'effusion “du sang palestinien”, “affirme l'unité nationale et adopte le dialogue comme seul moyen pour le règlement des conflits”, selon Nabil Amr. M. Abbas a chargé le Premier ministre sortant, Ismaïl Haniyeh, de prendre la tête du gouvernement d'union, qu'il appelle à “respecter la légalité internationale et les accords conclus par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)”, a annoncé le conseiller. Il s'agit de l'unique référence implicite à la question de la reconnaissance d'Israël et des accords israélo-palestiniens conclus antérieurement, point d'achoppement des discussions précédentes.Le refus par le Hamas de ces conditions exigées par le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie et UE) avait entraîné la suspension des aides financières occidentales directes à l'Autorité palestinienne, menaçant celle-ci d'asphyxie. Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a estimé que “l'inclusion dans le programme de ce gouvernement du respect des résolutions internationales et des accords conclus par l'OLP constitue un pas dans la bonne direction, vers la pleine adhésion aux demandes de la communauté internationale”, notamment la reconnaissance d'Israël. L'Union européenne analyse “de façon positive mais prudente” cet accord, a indiqué de son côté la porte-parole du Haut représentant de l'UE pour la politique extérieure, Javier Solana. La presse palestinienne a espéré que l'accord de La Mecque puisse conduire à la levée des sanctions imposées au gouvernement actuel depuis son entrée en fonction en mars. Quand M. Abbas affirme que le prochain gouvernement devra “respecter” les accords signés par l'OLP, cela revient à une reconnaissance implicite d'Israël, a estimé Al Quds, le principal journal des territoires palestiniens. L'accord prévoit aussi la fin des violences entre Palestiniens qui ont fait 67 morts depuis le 25 janvier. Le roi Abdallah a félicité ces signataires de “s'être hissés à la hauteur de leurs responsabilités (...) En arrêtant l'effusion du sang et en réalisant l'unité nationale”. R. I./Agences