C'est la seconde fois que le président «désavoue» son ministre de l'Energie et des Mines. L'idée de l'Opep du gaz commence à se matérialiser. Sa relance vient d'être faite par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Dans un entretien accordé au journal espagnol, El-Pais, le chef de l'Etat s'est déclaré, en termes à peine voilés, favorable à la création de l'Opep du gaz. «Il ne faut pas rejeter l'idée a priori. Elle mérite d'être examinée et discutée entre tous les intéressés», a souligné le président. C'est la seconde fois que le chef de l'Etat désavoue son ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. La première fois c'était au sujet de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Chakib Khelil a écarté, avant-hier, sur les ondes de la Radio nationale, l'idée de création d'une «Opep du gaz» en soulignant que les prix du gaz étant indexés sur ceux du pétrole, l'Opep, qui contrôle ces derniers, contrôle aussi les premiers. «Les prix du gaz sont indexés sur les prix du pétrole, qui répondent déjà à la politique et à la stratégie de l'Opep. A quoi servirait une Opep du gaz, puisque nous avons déjà une Opep du pétrole qui définit directement le prix du gaz?», a dit Khelil. Cependant, le développement du GNL et du marché du «spot» pourraient, à terme, conduire à la création d'un cartel du gaz. D'ailleurs, Sonatrach se prépare activement à devenir l'un des acteurs majeurs du GNL dans le monde en renforçant les capacités de sa filiale Hyproc, spécialisée dans le transport maritime du GNL. D'autant que l'Algérie est, avec la Russie, le principal fournisseur de gaz de l'Europe. Cette déclaration est, pour le moins, inattendue dans un tel contexte. D'ailleurs, Chakib Khelil a déclaré, avant-hier, que l'Algérie a entamé des négociations avec l'Espagne pour augmenter le prix de vente de son gaz, une hausse qui aurait des incidences sur les prix du gaz livré au reste de l'Europe déjà confrontée à une pression à la hausse du géant russe Gazprom. Sur un autre plan, la déclaration de Bouteflika rejoint celle du président russe, Vladimir Poutine, qui avait indiqué qu'il ne rejetait pas l'idée de créer un cartel du gaz s'inspirant du modèle de l'Opep. «Nous ne rejetons pas l'idée de créer un cartel du gaz», a déclaré Vladimir Poutine à l'issue de ses entretiens avec l'émir du Qatar, Cheik Hamad ben Khalifa Al-Thani, à Doha. Cette idée, suggérée le 28 janvier dernier par l'Iran, «nécessite davantage d'études», a ajouté M.Poutine, actuellement en visite au Qatar, la deuxième étape de sa tournée au Moyen-Orient. «En avons-nous besoin? Allons-nous le créer? C'est une autre question. Mais les producteurs de gaz doivent coordonner leurs activités», a-t-il souligné. En outre, l'idée de création d'une «Opep du gaz» est soutenue par le président vénézuélien, Hugo Chavez, qui a invité ses homologues sud-américains à créer une organisation des pays exportateurs de gaz, basée sur le même principe de l'Opep. L'idée de création d'une «Opep du gaz» ne cesse de mettre en émoi les pays européens. Ces derniers, dépendants essentiellement de l'Algérie, de la Russie et de la Norvège, en matière énergétique, craignent un rapprochement des pays producteurs de gaz. Dans ce contexte, le contrat signé entre Sonatrach et le russe Gazprom a été l'étincelle. Ainsi, mettant à profit le spectre de la sécurité énergétique, l'Algérie compte bien ne point ouvrir dorénavant ses vannes sans en tirer avantage. La loi du marché oblige, c'est du donnant donnant.