Le procès de la Banque commerciale et industrielle d'Algérie entame sa troisième et probablement semaine avec l'audition, hier, des derniers accusés à ne pas être encore auditionnés. Mais, c'est la dernière sortie de Kharroubi, l'avocat récusé par le directeur général de la BCIA, en date de mercredi, qui est restée dans les mémoires. Des révélations promises par l'avocat, il n'en fut rien, et l'audience n'a connu, à sa reprise hier matin, aucun incident. Le passage des prévenus à la barre n'a apporté aucun éclairage nouveau aux débats si ce n'est l'audition de Lakhdar Fouatih Tahar, commerçant à Relizane qui avait comme fournisseur de produits agroalimentaires l'entreprise de Fouatih et Nebia. Le prévenu niera avoir connaissance des deux traites signées en son nom d'un montant de 7,7 et 7,3 milliards de centimes. Sa réponse restera la même lorsque le juge lui parlera des bons de caisse estimés à 2,4 milliards de centimes portant également sa paraphe. Lakhdar Fouatih Tahar révélera avoir effectivement ouvert un compte à la BCIA, mais persistera à nier avoir signé un quelconque document en blanc n'était-ce le spécimen de sa signature. Rappelé à la barre, le patron de la Sarl Fouatih et Nebia, Ahmed Fouatih Belkacem, dont un lien de parenté le lie au prévenu précité, avouera être le signataire des deux traites au nom de son cousin. Fouatih Belkacem niera toutefois avoir émis des bons de caisse au nom de Fouatih Tahar. “Les bons de caisse étaient anonymes et j'ignore qui les a mis sur le compte de Tahar”, dira-t-il. Le premier accusé à être entendu par le tribunal fut Jouabi Mohamed auquel on reproche 419 millions de dinars en chèques visés. Le prévenu ne reconnaîtra pas avoir signé ces chèques en rejetant la responsabilité sur Haddad Yacine à qui il avait signé trois procurations. Quant au chef de service devises à la BEA d'Oran, agence Yougoslavie, Boukhatem Saïd Karim, il déclarera, à propos des deux traites avalisées par la BCIA, de l'ordre de 103 et 105 millions et escomptés au profit de Ouala, qu'il n'avait fait que son travail en refusant, dans un premier temps, de les escompter sans l'accord du directeur d'agence puisque le compte du client était débiteur. À propos des traces comptables inexistantes de cette escompte au niveau de l'agence, l'accusé affirmera que son service avait fait correctement son travail et que son niveau de signature “B” n'avait pas d'importance devant le “A” de Adda Larbi, le chef d'agence, et du service d'engagement. Sahel Mohamed, patron de deux entreprises, est poursuivi lui aussi pour complicité de dilapidation de deniers publics, un préjudice estimé à 19 milliards de centimes sous forme de vingt chèques libellés en son nom. L'inculpé niera avoir connaissance de ces chèques et du mouvement opéré dans son compte, raison qui le poussera à déposer une plainte. Cependant, et du sentiment général, cette fin d'audition des accusés a mis en avant un changement notable dans les dépositions premières faites le jour de l'instruction, et qui convergent vers la “disculpation” du gérant de la Sarl Sotrapla, Addou Samir. Les derniers accusés entendus, en fin de semaine dernière, sont revenus sur leurs déclarations en niant avoir eu affaire avec Addou, ni même le connaître physiquement. Aujourd'hui, c'est au tour des témoins d'être entendus par le tribunal avec le passage d'une première vague d'une vingtaine de noms suivie, demain, par une autre fournée. Les réquisitoires et les plaidoiries commenceront, certainement, mardi prochain pour déboucher sur un verdict, vers la fin de la semaine. SAID OUSSAD