La justice par le biais du Syndicat national des magistrats a réagi, hier, après un long silence aux sorties médiatiques de Moumen Khelifa durant lesquelles il a affirmé que le dossier, jugé actuellement à la cour de Blida, a été nettoyé de noms “sensibles” et que la chambre d'accusation a fait l'impasse sur l'agence de Koléa parce que le ministre de la Justice y détenait un compte avec un crédit bancaire. Dans un communiqué rendu public hier, le bureau exécutif du Syndicat national des magistrats soutient que les instructions ouvertes actuellement au niveau de la Cour suprême et des différentes autres instances judiciaires “vont se poursuivre avec l'utilisation des différentes méthodes légales de manière à dévoiler l'ensemble des facettes de cette affaire et les personnes impliquées en vue de les juger selon la loi en vigueur.” L'organisation syndicale que préside Djamel Aïdouni dément toute interférence dans ce procès qui se déroule, selon elle, sans complaisance et dans le strict respect de la procédure. “Le pouvoir judiciaire ne peut constituer un moyen pour réaliser des objectifs politiques et politiciens, ni être utilisé à des fins personnelles. Le syndicat reste mobilisé pour défendre cette indépendance dans le cadre des principes de l'édification d'un état de droit et l'enracinement de la culture judiciaire”, affirme-t-on à ce niveau. Dans le même texte, on dénonce “la campagne médiatique enclenchée à la suite des déclarations de Moumen Khelifa dans certains quotidiens nationaux visant à accréditer la thèse que certains responsables et certaines personnes ont été épargnés durant l'instruction judiciaire et qu'en dépit de leur implication, ils ne font pas l'objet d'une poursuite pénale dans le cadre de l'affaire Khalifa, actuellement devant le tribunal pénal de la cour de Blida”. Moumen Khelifa avait déclaré récemment au quotidien français Le Figaro que le procès d'El Khalifa Bank en cours à Blida “est une production hollywoodienne avec Bouteflika dans le rôle du producteur et du réalisateur”. Il a également accusé dans les colonnes de ce journal et lors de son passage sur la chaîne de télévision Al Jazeera, le chef de l'Etat d'avoir fait sombrer son empire “avec des méthodes mafieuses et barbouzardes”. Or, à aucun moment le nom du président de la République, ceux de ses proches, ni celui de l'actuel ministre de la Justice n'ont été cités dans l'arrêt de renvoi, ni durant les audiences qui se tiennent depuis plus d'un mois à la cour de Blida. Le Syndicat national des magistrats tout en dénonçant les sorties médiatiques du golden boy dans les médias étrangers et nationaux, estime que le but recherché “à travers ces manœuvres est d'entamer la volonté et la crédibilité de la justice algérienne et remettre en cause son indépendance. C'est une dérive grave dont l'objectif est de salir le pouvoir judiciaire, et diminuer de son apport et semer le doute sur son travail”. Dans le communiqué signé par son président Djamel Aïdouni, le Syndicat national des magistrats promet de recourir à tous “les moyens légaux y compris sa constitution comme partie civile pour défendre le pouvoir judiciaire et ses membres”. Nissa Hammadi