Le rapport national 2006 sur le développement humain élaboré par le Cnes évoque des “améliorations significatives” du développement humain, enregistrées par l'Algérie, mais fait ressortir aussi certaines insuffisances, notamment en matière de rendement du système de formation et création d'emplois durables. L'Algérie est en bonne voie pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement avant l'échéance de 2015 fixée par l'instance onusienne. C'est du moins ce qu'a affirmé, hier, M. Marc Destanne de Bernis, représentant résident du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), en Algérie au cours de la présentation du rapport national 2006 sur le développement humain. Les objectifs du millénaire sont entre autres la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim, d'assurer l'éducation primaire pour tous, de promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, de réduire de deux tiers la mortalité des enfants de moins de 5 ans, de réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle… Le rapport national 2006 sur le développement humain, élaboré pour la première fois sur la base des standards internationaux conformes aux normes du Programme des Nations unies pour le développement et en utilisant les données statistiques nationales, fait ressortir des “améliorations significatives” enregistrées par l'Algérie dans le domaine de l'emploi et du développement humain. Dans son introduction, le rapport souligne que l'amélioration du progrès humain en Algérie durant ces toutes dernières années “est d‘abord imputable à l'élévation du produit intérieur brut par habitant qui a résulté de l'augmentation des prix des hydrocarbures, de la dépense publique et de la baisse tendancielle quoique ralentie actuellement, et de l'augmentation naturelle de la population”. Le document révèle qu'en Algérie, de 1998 à 2005, l'indice du développement humain s'est amélioré annuellement de 1,4 point. L'indice est passé de 0,750 en 2004 à 0,761 en 2005. “L'Algérie serait classée au 79e rang”, estime le rapport. L'indice de l'espérance de vie à la naissance a gagné entre 1995 et 2005 1,6 point, traduisant un gain de longévité de 7 ans. L'amélioration résulte essentiellement de la baisse des taux de mortalité infantile et infantilo-juvénile (entre 0 et 4 ans), de la mortalité maternelle qui a régressé de 3,2 points par an pour 100 000 naissances et enfin de la diminution du taux brut de mortalité générale, en moyenne de 3,6 points pour 1000 habitants, entre 1995 et 2005. La population âgée de 60 ans et plus est passée de 1,7 million en 1995 à près de 2,4 millions en 2005. Sur un autre plan, le rapport du Cnes révèle que la valeur de l'indice de pauvreté humaine en Algérie est passée de 25,23 en 1995 à 16,6% en 2005, soit un recul, en moyenne annuelle, de 4%. Les résultats obtenus dans la lutte contre la pauvreté proviennent de la baisse du taux de chômage qui est réduit presque de moitié (15,3% en 2005 au lieu de 29,5% en 2000). Il serait de 12,4% en 2006, suite à l'importance des transferts sociaux qui s'élèvent à plus de 770 milliards de dinars, soit 50% de la fiscalité pétrolière et 12,6% du produit intérieur brut, du renforcement depuis 2000 des différents dispositifs d'emploi, et enfin des programmes publics PSRE et PNDAR. En cette matière, le rythme de création d'emplois enregistré est de plus 6,6% en moyenne par an, correspondant à la création de plus de 1,8 million d'emplois nouveaux. Cette performance a permis de satisfaire toute la demande nouvelle de travail, estimée à 924 000 personnes depuis 2000, mais encore de réduire sensiblement le stock de chômeurs de près de 900 000 personnes. Pour autant, le rapport des réalisations voile d'autres réalités beaucoup plus alarmantes. C'est que 90% des postes de travail créés, sont des emplois d'attente. Le taux de permanisation n'est que de 10%. L'importante baisse de taux de chômage est due moins à la conjonction entre l'augmentation de l'investissement dans la production et l'élévation du niveau d‘instruction et l'amélioration du capital humain qu'au volume de la dépense publique. Les dispositifs relatifs à la création d'emplois ont mobilisé plus de 100 milliards de DA entre 2001 et 2005. Aussi, au-delà de l'efficacité des mécanismes de protection et de soutien à la création d'emplois, du reste discutable, et du niveau de rémunération des travailleurs, la question de l'emploi durable demeure une préoccupation majeure. Elle révèle l'urgente nécessité de mener à terme les réformes structurelles et institutionnelles si l'Algérie veut bénéficier davantage des opportunités offertes par la mondialisation, réaliser une croissance forte et durable et un niveau d'emplois plus élevé. Par ailleurs, la tendance au recul du chômage observé au cours de ces cinq dernières années laisse prégnant le poids des structures démographiques. En effet, en Algérie le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans est supérieur à 30%. Meziane Rabhi