Dans son intervention sur le thème “L'Afrique dans l'équilibre du monde”, Abdelaziz Bouteflika a mis en exergue l'ambition du continent africain de devenir “un carrefour de prospérité”. Cette ambition est légitime, selon lui, parce que “consciente de ses atouts, l'Afrique a pour ambition de faire du continent un carrefour de prospérité et donc de création de plus-values pour son processus d'accumulation et d'emplois pour ses centaines de millions de chômeurs, à travers la promotion de l'exploitation et la transformation sur place de ses immenses richesses naturelles”. Confortant cette vision, il ajoutera que “même le handicap de l'instabilité politique et des conflits armés tend à disparaître avec la réduction du nombre et des zones de conflits”. Le chef de l'Etat assurera que dans le nouveau contexte international, “l'Afrique entend surtout ne pas être un simple gisement des matières premières exportables à l'état brut ni un immense marché pour les industries étrangères, ni encore moins un enjeu dans les nouvelles rivalités internationales”. Sur cette même question, il rappellera dans un autre discours sur le thème “L'Afrique et les matières premières”, que l'Afrique est un “immense gisement de matières premières” et surtout une “source importante de produits de base”. Abdelaziz Bouteflika mettra l'accent sur le fait que les matières premières et les produits de base “occupent une place importante dans la constitution des PIB, des exportations et des ressources de la majorité de nos pays”. Selon lui, “ils sont également importants au regard des processus d'accumulation qui ont permis à d'autres régions du monde de réussir leur processus de développement”. “Le point faible, expliquera le chef de l'Etat, consiste dans le fait que les matières premières africaines sont presque toujours exportées à l'état brut, tandis que pour les produits de base, la faiblesse provient des conditions météorologiques et de leur forte dépendance des marchés internationaux.” Se basant sur les statistiques relatives aux matières premières et aux produits de base, Bouteflika relèvera qu'elles “confirment que les revenus provenant des produits primaires représentent plus de 40% du produit intérieur brut de l'Afrique, alors que dans plus de 20 pays africains, 50 à 90% des recettes à l'exportation restent tributaires d'un seul produit”. Poursuivant son analyse des chiffres disponibles, Bouteflika relèvera que quelques produits primaires ont perdu, entre 1997 et 2001, plus de 50% de leur pouvoir d'achat par rapport aux produits manufacturés et qu'ils sont soumis à une très forte concurrence par l'apparition de nouveaux pôles de production, accentuant ainsi la pression sur les productions des pays africains et réduisant encore davantage leurs revenus. Ne s'arrêtant pas à ce constat regrettable, le Président remarquera que “la grande disponibilité des matières premières, tout autant d'ailleurs que les grands efforts consentis pour améliorer, moderniser et développer les monocultures, n'ont pas empêché notre continent de continuer à être dominé par la pauvreté et le sous-développement chronique”. Il attirera l'attention des présents en affirmant que “ce problème nous interpelle dans notre démarche collective de développement du continent”. Abdelaziz Bouteflika estimera que pour remédier à cette problématique, il est “nécessaire d'introduire plus de coordination dans la mobilisation de nos potentialités économiques, financières et humaines ainsi qu'une plus grande rationalisation de nos méthodes de gestion et une meilleure utilisation de nos ressources et de nos capacités”. K. ABDELKAMEL